Micha Sofer surexpose, dans Les cinq sentiments de l’exil, des instantanés d’une enfance de Juif égyptien, pris dans un pays se trouvant en 1956 à un tournant historique. La reprise d’un très vieux scénario, d’une nouvelle sortie d’Egypte est cette fois surdéterminée par la séparation de ses parents qui redouble le divorce d’une communauté emportée par la passion fiévreuse de l’indépendance. Singulière occasion d’accrocher sentimentalement l’évocation de l’exil. Les fragments autobiographiques, les restes de roman familial, historique sont pulsés et manipulés par une exigence d’écriture ; autrement dit par une interrogation éthique qui a le bonheur de prendre à revers le discours de l’Histoire.
Disparition et dispersion révèlent à Micha Sofer que ce que l’on a sur le bout de la langue n’est pas perdu pour tout le monde, puisque l’autobiographe le retrouve, au cours des cinq chapitres de son livre, tracé au bout de ses doigts.