Poche
Parution Sep 2025
ISBN 978-2-88907-553-9
96 pages
Format: 105x165
Disponible

Traduit de l'anglais par Hélène Papot
Postface de Claro

Zoé Poche
Parution Sep 2025
Disponible

Traduit de l'anglais par Hélène Papot

Jim Shepard

Le maître des miniatures

Zoé Poche
Parution Sep 2025
ISBN 978-2-88907-553-9
96 pages
Format: 105x165

Traduit de l'anglais par Hélène Papot

Zoé Poche
Parution Sep 2025

Traduit de l'anglais par Hélène Papot

Résumé

Japon, 1954. Un film se prépare qui va marquer l’histoire du cinéma. Pour fabriquer le monstre au centre de l’intrigue, Eiji Tsuburaya aurait besoin de sept ans; on lui accorde quatre mois.
Débordé, il n’a plus de temps à consacrer à ses fils qui grandissent, ni pour commémorer avec sa femme la perte de leur fille, ni pour penser à son père disparu dans le séisme de 1923.
Sa vie se résume à donner forme à Gojira, qui deviendra aux États-Unis «Godzilla».
Un roman aussi bouleversant qu’il est ténu et délicat; sur le souvenir, terrible ou mélancolique, le travail et la transmission.

Auteur

Jim Shepard

Né en 1956, Jim Shepard enseigne l’écriture et le cinéma dans le Massachusetts. Auteur notamment de Project X (Liana Levi, 2004) et du Livre d’Aron (L’Olivier, 2016), il a été finaliste du National Book Award en 2007.

Dans les médias

« En s’attaquant au chemin de croix de Tsuburaya, Jim Shepard a réussi ce petit miracle: feindre de traiter l’anecdotique et le pyrotechnique pour nous livrer une poignante et impeccable sonate d’automne, où le désamour paternel, l’insatisfaction conjugale et l’angoisse de la perte forment les coordonnées sismiques d’un drame personnel mais non moins ravageur. En revêtant la peau irradiée du cauchemar, Le Maître des miniatures s’avance moins dans un Tokyo sans cesse dévasté que dans la mémoire de ruines intimes. »

L’article complet de Claro ici

« A coups de phrases laconiques et de détails acérés, Jim Shepard tisse le portrait d’un homme hanté par la guerre, le feu, la honte – et, sans doute, aussi par les délais de production. Sous prétexte de fiction, il délivre une méditation sur l’art comme camouflage de la culpabilité, et du spectacle comme résidu nucléaire du réel. On rit parfois jaune, comme devant un Godzilla en caoutchouc qui piétine notre inconscient collectif. C’est bref, passionnant, et désespérément humain. L’auteur réussit à faire du monstre une métaphore, de la miniature une tragédie, du silence japonais un hurlement feutré. On sort secoué et vaguement radioactif. » Olivier Wyser

Extrait

Une fois encore, il avait dû surmonter l’inquiétude d’un après-midi trop peu productif. Et ayant oublié que la Fête des étoiles, si chère à Masano, sa femme, avait lieu ce jour-là, il commençait à se demander s’il excellait à lui faire de la peine par inadvertance ou volontairement. Le matin, lorsque le chauffeur lui avait rappelé la fête, il était assis sur la banquette arrière, avec, étalée sur les genoux, sa partie du plan de travail barrée de colonnes de couleur et collée sur un épais carton. Le chauffeur avait remarqué les vaches en papier mâché et les kimonos accrochés par
Masano dans les bambous en pot, devant la porte. Ils y étaient certainement lorsque Tsuburaya était rentré à la maison la veille au soir.
Le chauffeur était déjà engagé dans la rue principale et Tsuburaya avait envisagé de lui demander de rebrousser chemin, avant de dire finalement : « Tant pis, continuez. » Il s’était immédiatement rendu compte qu’il venait d’aggraver sa faute. Il s’imagina expliquant à Masano : « J’avais oublié. Et puis je m’en suis souvenu mais je ne suis pas revenu. »
La première lettre d’amour qu’elle lui avait envoyée était signée « Shokijo », du nom de l’étoile de la Princesse tisserande, le personnage central de la fête. Une allusion à l’influence néfaste de leur amour sur leur discipline de travail. La légende raconte que la princesse s’éprit d’un bouvier ; le roi les autorisa à se marier pour récompenser leur zèle et leur persévérance mais leur amour prit des proportions si délirantes que la princesse négligea son métier à tisser tandis que le bouvier laissait vagabonder ses vaches, ce qui exaspéra le roi, lequel les condamna à rester chacun d’un côté de la Voie lactée et à ne se rapprocher l’un de l’autre qu’une fois l’an. Masano célébrait toujours la fête, au mois de juillet, et le plus souvent seule avec leur fils cadet Akira, ces dernières années.