Dominique de Rivaz

Jeux

Domaine français
Parution Fév 2014
ISBN 978-2-88182-910-9

Résumé

De la fillette à la femme mûre, du garçonnet à l’homme adulte, qui s’adonne au jeu le plus mortifiant ?  Qui s’exhibe et pour quel regard ?
Jeux relate nos cruautés quotidiennes, subies ou imaginaires. Une étrange petite musique s’installe à force de saynètes qui capturent, sans aucun compromis ni répit, la perversité humaine, en une toile tissée dans tout un quartier. C’est la musique de l’intelligence, sèche, mais bizarrement douce.
Le regard de l’auteur et sa puissance d’observation jusque dans les détails infimes peignent notre société avec un réalisme aussi sombre que lumineux.

Autrice

Dominique de Rivaz

Née à Zurich en 1953, origines suisses et italiennes. Études de Littérature et d’Histoire contemporaine à l’Université de Fribourg (Suisse) sous la direction du Pr. Jean Roudaut. Elle participe à l’émission des télévisions francophones « La Course autour du Monde » en 1978-1979, ce qui la fait entrer dans le monde de la réalisation.

Elle a réalisé des courts métrages, Aélia (84) et Le Jour du Bain (96), moultes fois primés; plusieurs documentaires, Georges Borgeaud ou les bonheurs de l’écriture, Balade fribourgeoise, Jean Rouch pour mémoire, Chère Jacqueline…; deux longs métrages: Mein Name ist Bach (2004, Grand Prix du Cinéma Suisse), et Luftbusiness (2007, Quartz du meilleur rôle masculin).

 

Elle a publié trois romans, Rose Envy (Zoé, 2012, Sélection Prix Wepler, Fondation de la Poste), La Poussette (Sélection Prix Rive gauche 2011, Éd. Buchet-Chastel 2011), Douchinka (Prix Schiller Découverte 2009, Éd. de L’Aire) ; deux ouvrages photographiques Les Hommes de sable de Choïna (Ed. Noir sur Blanc, 2013) et Sans début ni fin, le Chemin du Mur de Berlin (Éd. Noir sur Blanc, 2009) et un monologue de théâtre, Tache : [ta∫] n. f. (Coll. Théâtre Suisse, Éditions L’Âge d’Homme & Société Suisse des Auteurs, 2002).

Dans les médias

« (…) Jeux est un livre original qui ne se raconte pas: une suite de saynètes de quelques lignes, affûtées à l'extrême, étranges, rudes, burlesques parfois, dérangeantes souvent. Le sujet? Les relations entre les adultes et les enfants, les hommes et les femmes, les professeurs et leurs élèves: le comemrce des corps, la dynamique des fluides. Tout y est sexué, sexuel. Le cadre? Le plus souvent un square entouré d'immeubles, un jardin public, les rues autour et les wagons d'un tram circulaire… A l'intérieur de ce dehors familier et quotidien se tiennent les représentations dont Dominique de Rivaz, romancière suisse à l'inspiration rude et au style lapidaire (…) assure la mise en scène, d'un petit théâtre où les personnages sont alternativement acteur et spectateur, exhibitionniste et voyeur. (…)

Dominique de Rivaz, qui est d'abord une femme d'images (elle est cinéaste et photographe) radicalise ici plus encore la forme déjà très ramassée de ses livres précédents. Elle rabote ses phrases, les densifie en les asséchant. (…)

L'écrivaine trouve dans cette épure une indéniable force d'évocation et certaines sentences, clignotant seules au milieu d'une page, impriment pour longtemps leur message énigmatique: en cas de gel, la traversée du square est à vos risques et périls. » V.R.

« La réalisatrice et écrivaine suisse Dominique de Rivaz signe un petit recueil d'une mystérieuse poésie. Les habitant d'un quartier s'y croisent en de bien étranges jeux, tour à tour pervers ou anodins, entrevus en de petites saynètes épurées. Enfants et aînés, parents et amants s'essaient à l'amour et à la douleur sourde. Nulle joie dans l'enchevêtrement de ces bribes d'existence, tenues par un puissant sens de l'observation de la violence. » TR

« La cinéaste et scénariste suisse Dominique de Rivaz s'essaie depuis 2008, avec brio, à la littérature (Douchinka, La poussette et, en 2012, le mordant Rose Envy). Son dernier petit opus est un bouquin venu d'ailleurs; le format est insolite, les textes lapidaires et le ton délicieusement corrosif. […] 

[Des] instants de vie qui, page après page, claquent et marquent.

Des liens, durables ou fugaces, superficiels ou profonds, plaisants ou effrayants, qui ont en commun un soupçon de sadisme… Une cruauté dérangeante mais attirante, invitant à une lecture avide des malheurs qui peuvent âtre ceux de chacun. Des traîtres maux. » Alinda Dufey

« L’élégant format en longueur laisse prévoir des illustrations. Jeux est bien un livre d’images, mais verbales. Sculptées au couteau, bien plantées au milieu de la page, elles ont la précision, la drôlerie (parfois) et la cruauté qu’on trouve déjà dans Rose Envy. Des ogres rôdent, guettant des petits chaperons rouges contemporains, comme dans les photos de Sarah Moon. Une gamine améliore les seins de sa Barbie en lui enfonçant des aiguilles, “un téton orange, un téton bleu”. Ce sont aussi des choses vues, sur le trottoir, dans le square. Elles ne sont pas toujours ragoutantes. Les lapines mangent leurs petits. Les adultes ne font guère mieux avec les enfants ni avec les vieux. Le ton est distant, jamais un jugement de valeur, un commentaire. Pas un mot de trop. Un regard, efficace, comique et terrifiant. » Isabelle Rüf

«  (…) Les scènes se retrouvent réduites au minimum et claquent comme des coups de fouet. Quelques lignes par page, jamais plus, pour une observation implacable des petitesses humaines et des cruautés quotidiennes.

Par leur minimalisme, les textes de Jeux rappellent les haïkus, mais avec une puissance narrative qui reste celle du récit. D'où cette étrange sensation de flotter entre douceur poétique et horreurs. » Eric Bulliard

« C'est l'impression de concentration de qualité, de prose poétique et de choix méticuleux de chaque mot qui ressort de la plupart des pages. L'impression aussi qu'il y a des connexions entre les différentes pages, que c'est tout de même une espèce d'histoire qu'on nous donne. La relecture permet de savourer ces sens cachés (ou de les laisser intacts) et d'extrapoler seul. Elle permet aussi d'apprécier cette économie du langage et ce travail sur le texte court, sur la densité du sens inversément proportionnelle au nombre de phrases. » Olivier Bleuez

« Bien mis en valeir par une mise en page aérée, les petits textes en prose de Dominique de Rivaz amusent, dérangent, attirent et révulsent tout à la fois. (…) Drôles, incisifs, justes et évocateurs, parfois même sentimentaux, les poèmes appellent des images que les amateurs d'humour noir apprécieront. » Laurence de Coulon

« Or, chez l'écrivaine et cinéaste suisse, auteure de l'étonnant Rose Envy (Zoé, 2011), rien n'est correct. Justement. D'anecdotes en sensations, la langue se joue d'elle-même, s'amuse comme une enfant avec un adulte. Les limites entre le réel et l'imaginaire s'estompent, les sous-entendus fleurissent, le malaise gagne. A petits pas, un véritable récit se compose à la marge du lieu de départ, du jeu d'origine -impressionniste. Le geste est maîtrisé, presque parfait, lourd et léger à la

fois.» Nils C. Ahl

 

« (…) Cinéaste et écrivain, [Dominique de Rivaz] fait de Jeux un album d’images, dessinées en quelques mots, élégamment posées sur la page, avec un humour grinçant et un art de l’ellipse qui laisse ébahi. (…) » Isabelle Rüf

Extrait

 

Il y avait un monsieur au bout de la main, dit la fillette, très gênée, tête basse. Dessine-moi le monsieur, encourage une voix. La fillette s’applique. Elle choisit consciencieusement
un crayon parmi les crayons. Je ne sais pas, dit la fillette.
Tu ne sais pas quoi, demande la voix ? Quelle couleur est la couleur juste.

 

La mousse à raser accentue les contours un peu tristes et dis-traits de sa bouche. Chaque matin tandis qu’elle se brosse les dents, la petite fille le regarde faire. D’instinct, comme lui, elle gonfle une joue, puis l’autre, retient son souffle aux passages délicats. Tandis qu’il contemple de près le résultat, il clame

Pimpanicaille, roi des Papillons

en s’coupant la barbe

se coupa le menton

puis quitte la salle de bain

au balancement de sa verge.

 

La fillette s’entraîne à écrire

Elle rédige sa première lettre

Cher papa, je t’embrase

 

Les combles des immeubles qui encerclent le square commu-niquent entre eux. Les fouines pénètrent au No. 31 et s’en ressortent par le No. 127.

Le choix des combles où elles laissent leurs fientes, lui, est aléatoire.

 

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Par amour pour son mari défunt, Artémisia choisit de boire ses cendres pour qu’il vive éternellement en elle. Cette histoire d’une reine grecque du IVe siècle avant Jésus-Christ bouleverse Smoothie, l’héroïne au prénom d’amoureuse de ce récit. Smoothie se ronge depuis toujours l’intérieur de la bouche, par ennui, par gourmandise…