Limaille, Élémentaires, Gravier, voici rassemblés les trois ensembles qui composent la présente édition de Hangars. Trois titres dont le dénominateur commun serait de qualifier la matière poétique emblématique de cette œuvre mais aussi bien ses motifs récurrents sans cesse ici présents. Paysages où telle bâtisse apparaît « livrée au vide », et « terre froide » ces lieux où le néant gagne, d’emblée la parole s’avère dotée d’une singulière énergie. (…) La description récurrente de la désolation de ces paysages et de leur austérité invite à saisir ce que ceux-ci recèlent d’éléments essentiels à notre vision, et c’est là une quête tâtonnante dans un monde d’obscurcissement, appelant donc notre attention. (…)
Ces images dépeignent avec force le travail d’alchimiste auquel José-Flore Tappy se livre, comparant à un chantier et à ses décombres ce que l’écrivaine parvient à « tenir à distance » et à « laver à grande eau ». L’essentiel tient donc à ce rythme qui d’un mot à l’autre maintient la mesure d’un vers ici suffisamment éloquent sans l’être trop. Feu ou cendre, eau dormante ou clapotis, là encore « un silence / qui bat », et ce qui s’apaise, se stabilise, n’empêche pas de chercher toujours « l’équilibre dans le déséquilibre ». Emmanuelle Rodrigues