Poche
Parution Oct 2014
ISBN 978-2-88182-932-1
64 pages
Format: 105 x 150 mm
Disponible

Préface de Daniel Maggetti

Rodolphe Töpffer

Du Progrès dans ses rapports avec le Petit Bourgeois et avec les Maîtres d’Ecole

Rodolphe Töpffer

Du Progrès dans ses rapports avec le Petit Bourgeois et avec les Maîtres d’Ecole

Minizoé
Parution Oct 2014
ISBN 978-2-88182-932-1
64 pages
Format: 105 x 150 mm

Préface de Daniel Maggetti

Résumé

« Nous, hommes libres, nous courons haletants sur une voie poudreuse et sans fin… »

Le Genevois Rodolphe Töpffer (1799-1846) valorise le passé, fustige le présent, stigmatise l’agitation et les hystéries des sociétés en voie d’industrialisation. Töpffer sait si bien emballer sa colère contre le progrès qu’il nous fait rire. Daniel Maggetti nous explique cependant très bien comment « Töpffer-Cassandre nous frappe aussi  parce que sa vision a des accents prophétiques ».

Auteur

Rodolphe Töpffer

Né à Genève en 1799, Rodolphe Töpffer se consacre à l’enseignement après avoir abandonné une carrière de peintre à cause de troubles oculaires. Il s’essaie à l’écriture au travers de critiques d’art qu’il publie anonymement et de pièces de théâtre qu’il rédige et met en scène avec ses étudiants. Suivront de nombreux récits de voyages (certains illustrés de ses dessins), des nouvelles et quelques romans. Rodolphe Töpffer est rapidement reconnu en tant qu’écrivain pour son style vif et incisif, mais aussi pour ses talents de dessinateur-caricaturiste. Atteint d’une maladie du foie, il meurt à Genève, en juin 1846.

Extrait

En littérature, le progrès est là qui tient l’aiguillon, qui pique, presse, talonne, et vous voyez les moutons se ruer sur les moutons. En huit jours le drame monte sur le drame, en vingt-quatre heures le roman enfonce le roman. Tu as fait du laid, je vais faire de l’affreux; tu as fait de l’affreux, je vais faire du monstrueux; tu as fait du monstrueux, je vais… plus rien ; voici le fond du sac, il faut rebrousser ; comme c’est agréable pour le bourgeois qu’on a mené perdre !…

En industrie, le progrès tout aussi fiévreux, tout aussi hâtif, encore plus importun. Il ne laisse rien en place, balaie tout devant lui ; il creuse, mine, plâtre, bouleverse, canalise ; il fait des campagnes une officine, des chemins une machine à wagons, des hommes, des charbonniers ou des actionnaires, un tas de drôles véhiculants, voulant véhiculer, ne demandant qu’à véhiculer, qui vous véhiculeront ; n’en doutez pas. Et je ne veux pas, moi, qu’on me véhicule ; je ne veux pas !… Et voilà pourtant que j’entre dans le wagon, que je m’assieds sur la chaudière; car j’aime mieux être dans la machine, que broyé par elle. Aussi, le dimanche, nos boutiques fermées, nous allons en carriole, et c’est volupté. Le cocher arrête au commandement ; la bête boit aux fontaines, et nous au bouchon. Notre chaudière, c’est le pot au feu ; notre vapeur, c’est l’avoine. Cocotte prend deux picotins, nous un verre de trop ; et fouette, cocher. Si l’on verse dans le fossé, eh bien ! la carriole attend, la bête aussi, et tout vient à point. Il n’y a point là de piston qui s’impatiente, point de chaudière qui vous lance bouilli aux nuages, point de wagon qui vous vienne dessus comme un gros stupide qu’il est.

Du même auteur