ABECEDAIRE BIOGRAPHIQUE
Si l’introspection caractérise tous ses personnages, en quête d’eux-mêmes et du sens de leur existence, l’écrivain n’apparaît guère dans ses livres, sinon indirectement. Un petit nombre de textes, entre essai et fiction, parus dans des ouvrages collectifs, en revue ou dans des publications hors commerce (cf. bibliographie), complétés par des extraits d’interviews et plusieurs échanges avec l’auteur, ont fourni les indications sur ses origines, son enfance, sa formation, son parcours professionnel et ses goûts qui figurent dans cet abécédaire.
A
Août 1944, 10: date de la naissance à Genève du fils unique d’Hélène Quiblier (1921-1997) et de Jean Delarue (1919-1983), «conçu par une froide nuit de novembre à Andermatt, sous la bâche d’un camion militaire» que son père mobilisé avait été condamné à garder pour indiscipline. Le nouveau-né vient au monde sous le signe du refus: empoisonné par le lait de sa mère à l’hôpital, il est tenu pour perdu et ne doit sa survie qu’à un séjour de plusieurs mois chez ses grands-parents maternels.
Autobiographie: de Rousseau, Benjamin Constant et Amiel à Georges Haldas, Maurice Chappaz ou Jacques Chessex, le genre a séduit beaucoup d’écrivains de Suisse romande, sauf Claude Delarue qui y est tout à fait réfractaire. A part deux biographies d’écrivains, son œuvre est exclusivement consacrée à la fiction: romans, récits, nouvelles, théâtre.
B
Bande de Gaza: délégué du CICR en 1971-1972, le futur écrivain visite des prisonniers politiques palestiniens, expérience qui nourrira son premier roman, La Lagune, où il décrit «de façon allégorique et caricaturale l’absurdité et la cruauté du drame humain auquel il assiste». Comme le Sri Lanka, le lieu est revenu tragiquement d’actualité en 2009, mais «on sentait à l’époque déjà que ça n’allait pas se terminer comme ça».
Banque: cela paraît difficile à croire, mais Claude Delarue a débuté très jeune comme employé à la «Devisenabteilung» de la Vereinsbank à Hambourg, travail pour lequel il n’était absolument pas fait. Il en profite pour étudier la littérature allemande, notamment les poètes Novalis et Hölderlin et le philosophe Schelling pour ses réflexions sur «l’importance du mythe et la rupture tragique que sa perte signifie pour l’homme», thème de ses écrits à venir.
Beau-père: créature exécrable si l’on en croit Baudelaire. Et aussi son biographe, qui déteste le caractère brutal de l’«individu insignifiant» épousé par sa mère en 1956 (ses parents ont divorcé peu de temps après sa naissance).
C
Caves: à 13 ans, l’adolescent se découvre une passion pour les caves, souterrains, cavernes et autres orifices obscurs: «Je passais des journées entières à aller d’une cave l’autre en compagnie d’un ami épris de ténèbres et, en quelques mois, nous explorâmes ainsi tout le sous-sol du plus vieux quartier de notre cité natale. […] Je me souviens que tous deux, chacun dans la solitude de nos imaginations respectives, reliés l’un à l’autre seulement par le lien physique que la peur tendait entre nous, nous inventions des histoires. Ces histoires, je les ai oubliées. Mais elles se souviennent de moi: toutes n’en composent plus qu’une seule, cette longue histoire qui ne finit pas.» Fascination du mystère, transgression, fantasmes, on est enclin à voir dans le bref récit intitulé Jeux de miroir la naissance, non seulement d’une sensibilité cavernicole, mais de la vocation d’un écrivain pour qui «chaque livre est une énigme que l’on se propose à soi-même».
Château: pendant plusieurs années, le Parisien Claude Delarue a loué deux grandes pièces sans aucun confort dans un ancien château près d’Orléans, sis dans un parc de 4 hectares riche en lapins de garenne qu’il chassait, dépeçait et faisait mariner dans les règles de l’art. Il s’en souvient comme d’un endroit magique, hanté par une sorte de grand-duc blanc qui marchait dans le grenier, où il jouissait d’une tranquillité absolue pour écrire.
Collèges: entre 8 et18 ans, il a été interne de plusieurs établissements religieux de Suisse romande. De Champittet, à Lausanne, il conserve le souvenir d’un excellent professeur de français, fanatique de Rabelais. De Saint-Michel, à Fribourg, celui de réveils glaciaux dans un dortoir de cinquante lits et de l’uniforme bleu marine, avec casquette et gants blancs portés lors du défilé de la Fête-Dieu, où il fallait s’agenouiller en pleine rue – d’où son solide anti-cléricalisme et sa détestation de la vie en groupe.
D
Débuts littéraires: en Allemagne, «il rédige de courts récits et des nouvelles qui mettent en scène des personnages solitaires, sans attaches intellectuelles, sans famille spirituelle ni lieu d’origine et qui se trouvent confrontés à d’impossibles choix».
Delarue: chez eux, c’est chacun pour soi. Mère de cinq enfants (quatre fils et une fille) et veuve avant sa naissance, la grand-mère paternelle Delarue, une bigote qui va à la messe tous les matins, est aussi rigide que les grands-parents Quiblier sont larges d’esprit.
Dostoïevski: Auteur majeur, pour le foisonnement de ses préoccupations métaphysiques, son excès, ses contradictions portées avec puissance, dont le collégien a lu Crime et châtiment vers 15 ans: «Dès mon adolescence, il m’a révélé la somme de mes doutes, un goût pour les ombres et l’absolu.»
Double Cœur: nom sous lequel la romancière Pascale Roze fait son portrait dans Lettre d’été (Albin Michel, 2000).
Dumas: avenue de Champel où logent, dans l’immeuble du No 3, les grands-parents maternels Quiblier – une adresse qui sera encore celle du futur écrivain rentré de l’étranger à la fin des années soixante.
E
Ecriture: «Nécessité quasi organique», c’est une activité physiquement contraignante, qui exige confort, solitude et silence (l’écrivain est allergique au bruit). S’agissant d’un livre en cours, il travaille chaque jour pendant plusieurs heures d’affilée, «pour la continuité du texte et de l’humeur», d’abord à une première puis à une seconde version.
Edition: lecteur et conseiller éditorial, Claude Delarue a travaillé successivement pour Denoël, Flammarion, Julliard, puis Albin Michel. A ses débuts, il se souvient avoir écrit deux livres comme nègre et revu avec Grisélidis Réal, pendant plusieurs semaines, l’écriture de son roman Le Noir est une couleur (Balland, 1974).
Enseignement: après sa malheureuse expérience bancaire à Hambourg, le jeune Delarue donne à l’Ecole Berlitz des cours de français où il fait lire à ses élèves Le Diable au corps de Raymond Radiguet. Même chose à Berlin, où il conjugue cours de français et travail en librairie, puis à Londres où il employé quelques mois à la librairie Foyls.
F
Fiction: «J’estime que la fiction peut servir à exposer certaines idées, et que c’est un tort de dire, comme on a tendance à le faire en France, que les idées ont leur territoire propre et ne doivent pas venir encombrer le roman. Or, le roman est un genre multiple dans lequel on peut mettre ce que l’on veut, pourvu que cela fonctionne.»
France: binational, l’écrivain vit à Paris depuis 1972. Il explique son départ de Genève par le climat de «violence ordinaire» qui y régnait alors. Le jour où il voit, à la rue de Coutance, deux gendarmes bottés de noir à l’ancienne s’en prendre violemment à un clochard, l’événement joue un rôle de déclic: «Moins de trois mois après mon retour du Proche-Orient, je quittai la Suisse, m’installai à Paris sans idée précise quant à la durée de mon séjour.»
G
Genève Plage: rituel de l’été instauré par la mère du narrateur du récit Vue du plongeoir, qui l’y emmenait de juillet à début septembre: après la cérémonie consistant à enduire le corps maternel d’huile solaire, le garçon a tout loisir, du haut du plongeoir, de s’offrir «les délicieux frissons que procure la peur du vide et de la chute. Là-haut, où se risquait peu de monde, j’étais presque seul, livré à l’enivrant vertige de ma précoce misanthropie. Ma vue portait au-delà du pont du Mont-Blanc, au-delà des Nations Unies (alors la S.D.N.) et du B.I.T., au-delà des enseignes publicitaires pour les montres, les bijoux, les assurances – expressions fluorescentes de la créativité locale – au-delà des banques, au-delà de l’au-delà…»
H
Hermance: village d’origine de la famille Delarue, à 15 km de Genève, où vit sa grand-mère qui s’établira plus tard en ville. L’écrivain en a conservé des souvenirs rustiques: «Tout y est maintenant propre, net, luxueux. Du temps de mon enfance, la rue centrale était bordée de tas de fumier, les poules picoraient et fientaient en liberté (ce qui nous permettait de les soûler en leur jetant des morceaux de pain imbibés de vin), les vaches rentraient le soir à la queue leu leu dans leurs étables, semant derrière elles des chapelets de bouses. Je passais là, chez ma grand-mère paternelle, une partie de mes vacances, tuant les oiseaux à coups de fronde, me glissant entre les ballots de foin et me baignant sur la petite plage à côté de l’égout municipal qui déversait dans le lac ses flottilles d’étrons et quantité d’autres immondices fort intéressants.»
I
Illustrateur musical: profession exercée par le futur écrivain auprès de la Télévision suisse romande, à son retour de Vienne en 1966.
Imagination: le plus difficile, pour le romancier, est de la brider, «de trier parmi ses inventions celles qui ne nuiront pas à l’équilibre du récit. Voilà pourquoi je pratique plus de coupes que de rajouts. La version définitive peut avoir entre cinquante et cent pages de moins que la première version.»
Indonésie: pays où Claude Delarue a séjourné trois mois grâce à la Mission Stendhal, pour en faire le cadre de son roman Nâga, avant de se rendre en Australie.
J
Janus bifrons: apparence choisie pour se faire tirer le portrait par Yvonne Böhler dans Voix et visages (Zoé, 1996).
K
Kanters, Robert: directeur littéraire (1954-1976) des Editions Denoël où paraissent en 1972, grâce à Georges Piroué, les récits des Collines d’argile – mais «un tel premier livre serait impossible aujourd’hui». Après la lecture de son premier roman La Lagune, Kanters lui demande: «Pourquoi n’écrivez-vous pas comme Graham Greene?»
L
Lecteur de manuscrits: métier dévorant, surtout si celui qui l’exerce est aussi écrivain, ce qui entraîne en lui un processus schizophrénique.
Lectures interdites: le bon côté du collège religieux, à la fois évasion et défi. Dans son pupitre pendant l’étude ou à la lumière d’une lampe de poche le soir au dortoir, l’adolescent renfermé et solitaire dévore en cachette, et dans le désordre, Flaubert, Dostoïevski, Kafka, Baudelaire, Proust, Céline, Sartre, Bataille, tous auteurs alors à l’index.
M
Mariages: le premier remonte à 1972 et s’est dissous par une séparation à l’amiable. Le second, avec la romancière Pascale Roze, a été célébré à Vufflens-le-Château en juillet 1997.
Marin: une des quatre activités idéales (avec aventurier, explorateur, archéologue) qui ont hanté la jeunesse de Delarue, d’où la riche précision du vocabulaire technique de L’Opéra de brousse, qui doit beaucoup aux livres de marine qu’il a potassés et à sa lecture de Melville.
Mère: le petit Claude a passé peu de temps avec elle, avant d’être mis en internat à la décision commune de ses parents. D’où une enfance contrainte, vécue dans le manque d’harmonie à part de rares souvenirs de vacances. Le jeune garçon a le sentiment d’encombrer sa mère, qui souhaite se remarier. En choisissant le pire de ses prétendants, «un type odieux», elle se déconsidère à ses yeux. Elle divorcera pour la seconde fois à 70 ans et vivra seule ses derniers jours. D’elle, l’écrivain parle comme d’une très belle femme qui voyait tout à travers le prisme des sentiments et de l’affect, non sans hypocrisie, et avec laquelle il n’a jamais eu de contact intellectuel ni artistique. Elle ne lui a ainsi jamais rien dit d’aucun de ses livres, qu’il lui envoyait pourtant dédicacés et que, par une petite vengeance personnelle, il a disposés dans son cercueil avant son incinération… ( une scène semblable est évoquée dans Nâga, p.102).
«Métaphysique et allemand»: lapidaire définition de l’écrivain, en 1982, par François Coupry dans le premier numéro de la revue Roman.
Mitteleuropa: influence certaine sur le plan culturel. «Nombre de mes références me viennent de la littérature de la première moitié de ce siècle produite outre-Danube et outre-Rhin. Mais ces deux fleuves ont fait depuis couler beaucoup d’eau sous leurs ponts et je ne me situe nulle part précisément: je viens d’une région à la réalité contingente; fils naturel, je tente de m’inventer une langue maternelle.»
Mythologies: un de ses intérêts majeurs depuis l’enfance. Il les aime toutes, à commencer par la grecque et la romaine, et s’en sert comme de références naturelles. Mais, autant que des figures de la mythologie, certains de ses livres dont Le Fils éternel sont nourris des personnages de la Bible.
N
Naissance: en la qualifiant d’«accident», son géniteur lui signifie très clairement qu’il n’est pas un enfant désiré. Sans doute Jean Delarue n’était-il pas fait pour être père, il n’en avait ni les capacités ni l’envie (cf. ce que dit Harold McVickar dans Nâga (p.88): «C’est mon père, songe-t-il, un père exécrable; mais au moins a-t-il osé avouer qu’il n’avait jamais souhaité ma naissance, que j’étais un accident de parcours. Beaucoup d’hommes qui éprouvent un sentiment identique ne l’avouent jamais à personne; pire, ils évitent de se le dire à eux-mêmes»).
Notes: s’il n’a jamais tenu de journal, l’écrivain note parfois des pensées ou une situation, quand il travaille à un livre.
Nouveau Roman: courant littéraire en vogue dans les années 1960, date de ses premiers textes, mais qui n’a jamais attiré Delarue en raison de sa négation du personnage: aux Gommes de Robbe-Grillet, il préfère de loin Lumière d’août de Faulkner.
O
Oncles: du côté paternel, Claude Delarue n’en a pas sept comme Cendrars, mais trois dont le plus jeune, un égocentrique de seulement douze ans son aîné, lui a peut-être transmis le goût de la philosophie.
Opéra: on peut rêver au livret d’opéra que l’écrivain aurait écrit, invité en résidence d’artiste à la Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon, si cette dernière n’avait pas été contrainte financièrement de se défaire du coûteux matériel vidéo nécessaire à sa réalisation. C’est à la Chartreuse, dans deux immenses pièces inchauffables l’hiver, qu’a été terminée La Mosaïque.
Origines: vue sous l’angle de la géologie, de l’archéologie ou de la généalogie, la question des origines hante son univers romanesque.
P
Paris: le début de la décennie où l’écrivain s’y installe est une période où les auteurs suisses ont facilement accès aux maisons d’édition parisiennes. Après Belle du Seigneur publié par Albert Cohen chez Gallimard en 1968, La Table Ronde accueille en 1970 La Montagne de Jean-Claude Fontanet et Gallimard Poésie 1946-1967 de Philippe Jaccottet. L’année 1972 voit paraître Quelqu’un bis est mort de Jean-Luc Benoziglio (Seuil), La Vie supposée de Théodore Nèfle de Georges Piroué (Denoël) et Chute de l’étoile absinthe de Georges Haldas (Denoël/L’Aire), suivi en 1973 de Chronique de la rue Saint-Ours. En 1973, Yves Velan publie au Seuil La Statue de Condillac retouchée et Jacques Chessex obtient le Prix Goncourt avec L’Ogre (Grasset). Enfin, l’année suivante, le Renaudot couronne Georges Borgeaud pour Le Voyage à l’étranger (Grasset/Galland).
Père: l’écrivain se souvient encore d’une visite de son père à Saint-Michel (Fribourg), accompagné de sa maîtresse dans une voiture de sport, et de l’incroyable apostrophe qu’elle lui valut de la part du préfet de l’internat: «Regardez ce salopard, son père est un maquereau!» Ce père musicien et lettré (c’est dans sa bibliothèque que son fils emprunte Les Fleurs du mal) n’a pas l’intention de payer de longues études à son rejeton et il l’oriente donc comme lui vers une carrière commerciale.
Pierres: dans le Sinaï, qu’il a parcouru de long en large quand il travaillait pour le CICR, l’écrivain a éprouvé la fascination du désert et il a photographié beaucoup de pierres pour leurs formes étonnantes.
Poésie: avant de se tourner vers la nouvelle, il a pensé très jeune écrire de la poésie, et aujourd’hui encore il en lit beaucoup.
Prix: finaliste malheureux du Femina pour En attendant la guerre, Delarue a reçu de nombreuses distinctions littéraires françaises ou suisses (cf. bibliographie).
Psychanalyse: l’écrivain n’en a jamais fait, mais il s’y est beaucoup intéressé avant que la mode ne l’en détourne. Par ailleurs, il a fréquenté le monde des cliniques, un de ses oncles ayant souffert d’une grave maladie maniaco-dépressive.
Q
Quant-à-soi: plutôt réservé, l’écrivain ne fréquente guère le milieu littéraire parisien, et il éprouve quelque peine à parler de lui et de son œuvre. Ainsi reconnaît-il participer à la promotion de ses livres «de façon modérée et réfléchie, à contre-cœur», car cela revient souvent à devoir commenter ce qu’il a écrit. Et «expliquer son livre, c’est le détruire».
Quiblier: nom de ses grands-parents maternels protestants, très libres d’esprit et généreux, qui ne lui ont laissé que de bons souvenirs. La grand-mère est une enfant naturelle, fille d’un artiste allemand et d’une bourgeoise de Lausanne, qui n’a jamais su le nom de son père et n’a rencontré qu’une seule fois sa mère. Domestique chez les banquiers Sarasin à Genève, elle y a connu son mari, chauffeur, qui conduisait chaque été ses employeurs sur la Côte d’Azur. Ce grand-père bon vivant aimait pêcher sur les bords de l’Arve, et il a formé avec sa femme un couple remarquable durant plus de soixante ans.
R
Religion: issu d’un père catholique et d’une mère protestante convertie, l’écrivain se définit comme «plutôt agnostique». Il juge que le calvinisme de sa ville natale a influencé sa prime éducation: il s’agissait d’être modeste, surtout pas original mais dans la moyenne, et de se taire. Quant à la confession, elle ne pouvait lui apporter l’absolution de ses péchés puisque ce dont il se sentait coupable, c’était «d’être, de façon globale».
«Roman»: Claude Delarue a été un des fondateurs de cette revue trimestrielle, créée en 1982 pour contrer l’hermétisme sollersien de Tel quel (à laquelle succède en 1983 L’Infini, nettement moins avant-gardiste), et publiée jusqu’en 1989 sous la direction de François Coupry.
S
Silence: «Toujours immobile, fixant quelque part un fantôme invisible, par son silence rigide il en impose, son silence fait beaucoup de bruit. Quand il parle, et cela lui arrive rarement, c’est toujours à contre-pied, et le gardien de but angoissé ne peut empêcher son ballon chargé de dynamite d’éclater dans le filet», tel apparaît Delarue dans un débat littéraire en 1984, selon Rafael Pividal, membre du comité de rédaction de la revue Roman.
Sri Lanka: pays où l’écrivain a séjourné à plusieurs reprises au début des années 1980, invité par un ami peintre, et qui est évoqué dans L’Herméneute ou le livre de cristal (porté à l’écran par Patricia Plattner) puis dans Le Triomphe des éléphants.
Stoïcisme: il en faut à Claude Delarue pour continuer à travailler et à écrire malgré l’hypertrophie ventriculaire qui le handicape depuis de longues années, conséquence d’une cardiomyopathie obstructive congénitale diagnostiquée lorsqu’il avait 27 ans. A la fin de 2009, l’aggravation de son état fait envisager une greffe du cœur.
Strindberg: «Il fait partie des quelques auteurs qui m’ont incité à écrire et qui sont restés pour moi des «moteurs» littéraires: je lis quelques pages de cet imprécateur et me voici stimulé.»
T
Téhéran: ville où Jean Delarue, chargé des relations publiques de l’entreprise chaux-de-fonnière Cyma Watch, choisit de se fait envoyer sitôt après la guerre, ce qui fait de lui non plus seulement un père distant, mais physiquement absent.
Théâtre: l’écrivain a toujours aimé le théâtre. De retour d’Allemagne, c’est vers ce genre qu’il s’est d’abord tourné en écrivant avec facilité des pièces qui ne seront jamais jouées («les dialogues me coulaient des doigts», dit-il aujourd’hui). Outre Le Silence des neiges, pièce éditée chez Edilig et montée au Théâtre Hébertot, il est l’auteur de plusieurs dramatiques pour France Culture.
Testament: «Chaque fois qu’il part en voyage, Double-Cœur laisse en évidence sur son bureau son testament et son manuscrit en cours avec la mention: à détruire sans le lire. Tous ses dossiers sont en ordre et on ne trouvera pas chez lui une chaussette sale.»
U
Universités: l’écrivain a été l’invité de plusieurs universités pour y donner des conférences sur un sujet de son choix, à Heidelberg, Edimbourg ou Liverpool, ainsi que dans une tournée australienne (Canberra, Melbourne, Sidney) à son retour d’Indonésie, qui l’a mené ensuite en Nouvelle-Zélande (Auckland) et en Tasmanie (Hobbarth).
V
Vaucluse: région où il a rencontré, à ses débuts, l’écrivain John Berger, qui lui a fait connaître Jean-Paul Clébert, lequel lui a conseillé d’envoyer le manuscrit de son premier livre chez Denoël.
Vienne: ville où il s’est formé en musicologie de 1963 à 1965, hébergé par l’un de ses oncles paternels, sorte de dandy excentrique qui vendait des accessoires de maroquinerie signés Dior, Balmain, etc. dans ses deux magasins de Vienne et de Salzbourg. Son mémoire de fin d’études portait sur «Le rôle de la musique populaire slave chez Bela Bartok».
Villes: il les aime grandes, comme celles où il a séjourné dans sa jeunesse: Hambourg, Berlin, Vienne, Londres…
W
Whisky: excellent vaso-dilatateur et boisson favorite de l’écrivain, qui a donné le nom du single malt d’Islay au personnage de Simon Bowmore dans Le Triomphe des éléphants.
X
L’inconnu attire Claude Delarue, qui considère la curiosité «non comme une faute, mais comme une des principales vertus humaines».
Y
Yonne: entre Yonne et Loire, c’est là que se situe le refuge de l’écrivain, dans un village proche de Clamecy, lieu de naissance de l’auteur d’Au-dessus de la mêlée.
Z
Zodiaque: le thème astral de ce natif du Lion (ascendant Balance) figure sur Internet, mais l’écrivain n’a ni site ni blog, ce qui le met décidément à part.