Georges Borgeaud est né en 1914 à Lausanne, de « père inconnu ». Il fait ses classes à Aubonne, sur la Côte vaudoise, et au Collège catholique de Saint-Maurice, en Valais, qu’il quitte avant le baccalauréat, en 1933. Ce départ forcé marque le début de cinq années difficiles durant lesquelles Borgeaud exerce différents métiers, dont le préceptorat en Suisse et en Belgique. Il se croit même une vocation religieuse, mais un séjour dans un couvent bénédictin en Belgique le dissuade d’entrer dans les ordres.
En 1938, il commence un apprentissage de libraire à Bâle, puis à Fribourg. Pendant la guerre, ses projets littéraires sont retardés par le service militaire, mais il reprend ses activités de libraire pendant les permissions, notamment à la Librairie Universitaire de Fribourg, qui joue alors un rôle important pour la France occupée.
Décidé à vivre de sa plume, Borgeaud quitte définitivement la Suisse en 1946 pour s’établir à Paris. Grâce à l’appui de Dominique Aury, proche des milieux littéraires romands, Le Préau paraît en 1952 chez Gallimard. Le succès est immédiat pour le romancier débutant, qui reçoit le Prix de la Critique la même année : il se lie avec Marcel Arland, Jean Tardieu et François Nourissier, collaborant bientôt à La Nouvelle Revue française, à La Parisienne, à la revue Preuves, à l’hebdomadaire Le Point – la plupart de ses chroniques et articles, notamment sur les peintres, sont rassemblés dans les quatre volumes des Mille feuilles (1997-1999). Si La Vaisselle des Evêques, publié en 1959 par Gallimard, rencontre un moindre retentissement, Le Voyage à l’étranger (1974) et Le Soleil sur Aubiac (1986), qui marquent le passage de Borgeaud chez Grasset (en coédition avec Bertil Galland), sont distingués respectivement par le Prix Renaudot et le Prix Médicis de l’essai.
C’est à Paris, qu’il ne devait guère quitter si ce n’est pour des voyages en Italie, recensés dans Italiques (1969), et des séjours dans son pigeonnier du Quercy, que Borgeaud est mort en 1998. Le Jour de printemps a paru, à titre posthume, en 1999.
Anne-Lise Delacrétaz