Partir, voyager pour s’aventurer sur les voies de l’autre et s’extraire de sa propre culture – tels sont les paris de Claude Krul. A cette fin, tout en exerçant son métier d’interprète de conférences, elle voyage au Moyen-Orient et en Asie. A trois reprises, Damas est apparue sur son chemin. Par désir d’approfondissement, elle décide d’apprendre et de parler l’arabe. Damas s’impose à elle.
Visages de Damas est le récit de cette double élection qui se prolongea en de nombreux séjours printaniers, de 1974 à aujourd’hui. Ce récit nous est adressé comme une lettre qui prend la forme d’une arabesque où les souvenirs s’entrelacent sans chronologie. Ainsi s’égrène tout un chapelet de portraits : les amis artistes et écrivains, rencontrés dans les cafés ou dans leur intimité, dont le poète Mohammed al-Hariri, qui lui ont fait découvrir une littérature nouvelle ; le buraliste de la poste de son quartier, Mohammed, cet autre passeur de lettres ; et surtout la famille damascène où l’auteur débarque à chaque séjour et dont émergent les visages de Oumm Azzat, veuve, pilier de la famille, et Mouna, sa belle-fille, illettrée et douée d’un remarquable don d’observation. En arrière-plan, le visage chatoyant et divers de Damas surgit entre l’intimité du patio et les rituels de la rue, dans les mélopées envoûtantes de la musique et les voix des muezzins appelant à la prière.
