parution février 2016
ISBN 978-2-88927-303-4
nb de pages 400
format du livre 140 x 210 mm

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Sébastien Meier

Le Nom du père

résumé

Paul Bréguet, ancien inspecteur de police, sort de prison après plus de deux ans de détention. Avec l’aide de la séduisante procureure Emilie Rosetti, l’ex-flic torturé décide d’élucider le mystère qui entoure la mort étrange de son amant Romain Baptiste. Réseaux de prostitution, évasion fiscale et corruption vont donner du fil à retordre aux deux détectives, qui découvrent des affaires gênantes, voire dangereuses pour la survie de la Confédération helvétique. Et pour eux.

Dans ce polar qui jette une lumière crue sur la Suisse des banques et les montages fiscaux, Sébastien Meier reprend avec brio les personnages saisissants de son précédent ouvrage, Les Ombres du métis. Leurs faiblesses résisteront-elles aux pressions de ceux qui veulent taire la vérité ?

biographie

Né en Suisse romande en 1988 où il grandit, Sébastien Meier s'intéresse tôt et de près à la littérature. Son parcours éclectique passe par une maison d'édition, Paulette, qu'il fonde à l'âge de 22 ans, et publie une quinzaine d'ouvrages en 3 ans. En parallèle, il co-fonde un collectif des arts de la scène (Collectif Fin de Moi), avec lequel il signe deux mises en scènes. Il s'investit également quelques temps au sein du bimensuel La Cité, émanation romande de la Nouvelle presse. Il s’est vu récompensé par le prix Lilau 2015 de la Ville de Lausanne pour son précédent roman, Les Ombres du métis. Sebastien Meier partage aujourd’hui sa vie entre l’écriture et le flamenco en Espagne.

La Télé – Réservoir

Revoir l'intervention de Sébastien Meier dans l'émission du mardi 5 avril 2015 sur

http://www.latele.ch/reservoir

RTS – La puce à l'oreille

Caroline Coutau est l'invitée de l'émission "La puce à l'oreille", et parlera du livre de Sébastien Meier Le Nom du Père.

Jeudi 17 mars à 22h45 sur la RTS.

rts.ch/emissions/la-puce-a-l-oreille

Rediffusion le lendemain sur le site de "La puce à l'oreille"

 

RTS – Vertigo

Le 7 mars prochain, Sébastien Meier sera en entretien avec Christine Gonzalez pour parler de son livre Le Nom du Père.

Interview à écouter à 17h30 sur la RTS, et en podcast dès le jour suivant sur le site de l'émission.

www.rts.ch/la-1ere/programmes/vertigo/

24heures

"... Sébastien Meier excelle à faire ressortir l'extrême solitude de son personnage principal, dont toutes les valeurs s'effondrent, et le désespoir qui lui colle à la peau. Prenant." Caroline Rieder

Le Temps

"... Le Nom du père de Sébastien Meier se révélera être un thriller économique haletant que l’on lâche à regret, devenus des intimes des personnages. Devenus aussi, avec satisfaction, beaucoup plus avertis sur les méandres du commerce international des matières premières et des denrées alimentaires, dont Genève et Lausanne sont des places fortes.

(...) Sébastien Meier est à son affaire et nous avec. On va, on veut le suivre. (...) Avec Le Nom du père, l’auteur de tout juste 27 ans (...) a trouvé son rythme (assuré, tranquille, implacable), son décor (Lausanne, rues, bars, places, de nuit, de jour, en tous sens, mais aussi Genève, La Chaux-de-Fonds), ses personnages (humains, les bons comme les mauvais) et son sujet: les coulisses du négoce international, celui du pétrole, du cuivre, de l’or, du blé, du riz, dont la Suisse romande, dans une discrétion entretenue, est une plaque tournante.

(...) L’envie de déployer toute la densité des personnages est ici affirmée et maîtrisée.

Si [le personnage de] Bréguet prend de l’épaisseur au point que l’on s’attache à sa présence, les personnages secondaires sont aussi soignés. La mère de Bréguet par exemple, chez qui l’ancien inspecteur sonne en arrivant à Lausanne. Excellentes scènes que celles où l’on comprend petit à petit que la vieille dame, récemment devenue veuve, perd lentement la mémoire, dans son grand appartement bourgeois. Elle va pourtant fournir des pièces du puzzle essentielles à son fils. Autre personnage et scènes particulièrement réussies, celles avec le commissaire à la retraite Jules Mourrier. C’est Emilie Rossetti, procureure municipale, devenue l’alliée de Bréguet, qui parvient à abattre les barrières dressées par l’ancien fonctionnaire et qui obtient de le rencontrer. Chez lui, bougon et raide dans sa chaise roulante, diminué par l’assistance respiratoire, il livrera au compte-goutte son expérience passée dans la traque aux blanchisseurs d’argent.

Autre point fort: la découverte, aux côtés de Paul Bréguet et d’Emilie Rossetti, de l’univers du négoce international. Au départ, les deux enquêteurs ne connaissent rien sur ce milieu. Le lecteur apprend donc avec eux, au fur et à mesure de leurs lectures et de leurs rencontres avec des informateurs. Parmi eux, Franz Wengler, militant à la Déclaration helvétique, nom fictif pour la Déclaration de Berne, l’organisation pour un commerce équitable basée à Zurich. Pince-sans-rire, le temps d’un café, il dresse à Emilie Rossetti le tableau des pratiques financières immorales mais blanchies à l’œuvre entre les pays producteurs et les pays consommateurs, le rôle des intermédiaires en Suisse romande, des sociétés-écrans, etc, etc.

Enfin, autre personnage central: Lausanne elle-même, sa cartographie pittoresque entre plusieurs niveaux, ses escaliers, ses ruelles, ses cafés. Décor manifestement aimé et connu dans ses moindres recoins, revisité en terrain de jeu pour traques et courses poursuites. Source supplémentaire de bonheur de lecture. Dans l’action comme dans les scènes intimistes, Sébastien Meier sonne juste. A quand la suite?" Lisbeth Koutchoumoff

La Liberté

"... Sébastien Meier prend soin d'ancrer son récit dans cette ville de Lausanne qu'il dépeint avec une précision méticuleuse. Une veine réaliste nourrie aussi d'un important travail de documentation sur des thèmatiques complexes. (...) ce qui fait de ce polar une réussite: Le Nom du Père se tient à superbe distance de tout manichéisme, refuse de distinguer les bons et les mauvais. (...)" Thierry Raboud

k-libre.fr

"dérangeant comme les univers chabroliens" Laurent Greusard

Le Courrier

"... [Un] deuxième roman aussi dense qu'intense: dans un tourbillon étourdissant, Sébastien Meier mêle suspense policier et enjeux sociopolitiques brûlants pour brosser le tableau d'une certaine Suisse cynique et arrogante où les puissants semblent au-dessus des lois." Anne Pitteloud

RTS – Entre les lignes

The Glam Attitude

"... Le jeune Sébastien Meier n'y va pas par quatre chemins. Il dénonce la fraude fiscale dont sont familières les multinationales et les états en tous genres. Il dresse avec habileté le portrait d'un homme dont l'univers a basculé. (...) Il n'a plus rien et n'a surtout plus rien à perdre, ce qui n'est pas le cas des hommes sur lesquels il enquête.

L'auteur dépeint cet absolutisme et ces sombres magouilles avec une écriture vive, percutante, évitant les démonstrations scolaires et économiques.

Son polar est intense et captivant, une belle réussite et un écrivain à suire." Rizlène Girma

Sébastien Meier sur Espace 2

Sébastien Meier était l'invité de Jean-Marie Félix pour parler du Nom du père dans l'émission Entre les lignes, sur Espace 2.

Réécouter l'émission ici.

L'Express

"(...) Le lecteur [retrouve] des personnages peaufinés à souhait, un style toujours aussi impeccable, pour une plongée vertigineuse dans cette Suisse où l'argent donne tous les droits..." D.P.

L'impartial, L'Express, Le Nouvelliste

"... un polar sans concession, parfaitement documenté et très précis sur les montages fiscaux des banques suisses. Paul Bréguet, ancien inspecteur de police, est attendu à sa sortie de prison pour régler une vieille affaire dont son avocat de père a huilé les rouages, et impliqué du beau monde. De Lausanne à Neuchâtel, le flic termine sa course dans les rues de La Chaux-de-Fonds... Palpitant!" Vincent Belet

Atout livre

Sébastien Meier est extrêmement jeune et pourtant il scrute les méandres de l'âme humaine avec un recul de vieux briscard qui en a vu...

Les magouilles bancaires suisses, les milieux de l'art, de la prostitution, de la police, de la politique (rien que ça), ne semblent pas avoir de secret pour lui !

Payot Cornavin

Coup de cœur Polar

Chantage, trafic et blanchiment, tout l'envers de la finance helvétique...

Payot Lausanne

Le Nom du père

"(...) Blanchiment d'argent, trafics, négoce international, malversations financières, voilà un livre haletant et bien mené. L'auteur plonge dans le côté sombre de la finance et confirme son talent!" Aurélie Sonnay
 

L'Ordre des choses

L’ex-inspecteur Paul Bréguet a disparu. Désormais seule, son acolyte la procureure Emilie Rossetti décide d’aller jusqu’au bout de la très trouble affaire Romain Baptiste, en dépit des ordres de sa hiérarchie. Alors que les puissants de ce monde, avec à leur tête le richissime trader Beat Flückiger, se réunissent à Lausanne pour ouvrir un congrès mondial sur le négoce des matières premières, Emilie, en cavale, doit évoluer en marge pour conduire cette guerre souterraine, au dénouement imminent.

Après Les Ombres du métis (2014, prix Lilau 2015) et Le Nom du père (2016), Sébastien Meier pousse toujours plus loin son talent pour croquer des personnages à la profondeur saisissante. Il emmène le lecteur avec la même aisance dans les boîtes de nuit échangistes des années 1990, les bureaux aseptisés des multinationales ou les entrailles high-tech du darkweb.

Un roman à lire isolément ou comme conclusion à la trilogie autour de Paul Bréguet.

Les Ombres du métis

 

« Paul Bréguet, ancien flic ». C’est ainsi que l’ex-inspecteur se présente au Pasteur Manuel à qui il s’apprête à parler pendant de longues heures. Il tentera de tout lui raconter, de se souvenir de tout, de comprendre lui-même ce qui lui est arrivé depuis un an : pourquoi, aujourd’hui, il se retrouve derrière les barreaux. La vérité est difficile à dire, le pasteur vite captivé, trop captivé, finira par se protéger lui aussi de son interlocuteur attachant, mais un peu effrayant à force de retournements, contradictions et engouements.

Le Nom du père: extrait

Chapitre 14

 

 

Emilie Rossetti a décidé qu'elle quitterait tôt le travail, cet après-midi. Il est 17 heures 30 lorsqu'elle parvient enfin à fermer la porte de son bureau, qu'elle timbre et s'extrait du commissariat comme d'une prison. Un vent léger rafraîchit l'atmosphère. Elle chausse ses lunettes de soleil, se demande si elle aura la force d'aller faire du sport, tourne sur la droite à la sortie du commissariat, longe la rue César-Roux, passe devant l'espace autogéré et arrive au centre commercial Caroline. Elle fait rapidement le tour des rayons, remplit machinalement son caddie de légumes qu’elle ne mangera pas, prête vaguement attention à un homme qui la lorgne du coin de l'œil. Il ne lui plaît pas, elle n'a pas le temps pour ça. Elle paie et sort. Lorsqu'elle remonte la rue Marterey, elle consulte sa boîte mail professionnelle. En 35 minutes, dix messages se sont ajoutés à la longue et désespérante liste d'urgences. En lisant, Emilie Rossetti n'a qu'une envie : ouvrir une bouteille de vin, s'affaler sur son canapé et regarder un épisode de Dr. House qu'elle affectionne tout particulièrement pour deux raisons : Hugh Laurie est envoûtant et elle ne comprend absolument rien à la médecine. Ne rien comprendre et se l'autoriser est précisément ce qui correspond à une soirée détente dans l'esprit de Madame le procureur d'arrondissement de Lausanne.

 

Paul Bréguet attend depuis dix minutes lorsqu'il aperçoit la silhouette svelte et droite de la procureur se dessiner. Elle a toujours les cheveux courts qui lui affermissent le visage, mettent en relief ses pommettes saillantes et son menton gracieux. La première fois qu'il l'a vue ainsi, c'était lors de leur dernier entretien avant le procès, à la prison du Bois-Mermet. Elle l'avait giflé, ce jour-là. Il se souvient parfaitement de la douleur qui s'était propagée, irradiante, de sa joue jusqu'à son crâne. Il a envie de sourire, parce qu'Emilie Rossetti aujourd'hui ne lui fait plus peur.

Elle remonte lentement la rue Marterey, un sac de courses dans une main et un smartphone dans l'autre. Très absorbée par son téléphone, elle passe devant lui sans le remarquer. Elle pose son sac, finit de tapoter sur sa machine, sort les clés de sa poche et s'apprête à ouvrir la porte. Il touche doucement son avant-bras. Elle tourne la tête, toujours aussi sûre d'elle-même, et met une fraction de seconde à choisir son attitude. Son visage sévère finit par se détendre. Elle pousse la maîtrise jusqu'à sourire, plissant ses yeux magnifiés par des pattes d'oie irrésistibles.

 

Elle comprend à ce moment-là qu'elle n'ira pas faire du sport et qu'elle peut faire une croix sur sa soirée télé. La présence de l'ex-inspecteur ne la surprend pas outre mesure. L'ambiguïté de leur relation n'a certainement pas été réglée par son incarcération. D'une certaine manière, Emilie est presque heureuse que cette confrontation se produise enfin, espérant tirer un trait sur l'affaire Baptiste et le fiasco qui s'en était suivi.

-  Tu me fais entrer? demande Paul.

-  Qu'est-ce que tu veux? répond-elle, détachée.

-  Te parler, simplement. Nous avons beaucoup de choses à nous dire, n'est-ce pas?

-  Je ne crois pas, non. C'était il y a trois ans qu'il fallait parler, c'est un peu tard désormais.

-  Je me doute bien que tu n'as pas passé trois ans à t'interroger sur cette affaire…

Il suppose, à l'air pincé qu'elle affiche, qu'il s'agit précisément d'un sujet de réflexion privilégié depuis trois ans. 

-  J'ai besoin de pisser, tu me fais entrer?

-  Elégant. 

-  Je dois vraiment te parler.

-  Pourquoi est-ce que j'accepterais de t'écouter?

-  Parce que t'as toujours autant envie de savoir la vérité.

-  Et tu me la diras?

-  On verra.

-  Alors passe demain faire une déposition au commissariat. Ou écris tes mémoires. Fais ce que tu veux, mais fous-moi la paix.

Elle enfonce sa clé dans la serrure et s'engouffre dans l'immeuble. Paul laisse la porte se refermer doucement et, à la dernière minute, glisse un pied dans l'embrasure.

-  Emilie.

Elle appelle l'ascenseur. La voix éraillée de Paul résonne dans le hall d'entrée. Emilie se retourne. Lorsqu'il dit son prénom, elle a l'impression qu'il lui intime un ordre. Paul Bréguet ne chante jamais. Aucun son sortant de sa bouche ne s'élève, même lorsqu'il rit, même lorsqu'il jouit, il sonne grave.

-  Quoi?

-  Je dois te parler, à toi. Et maintenant.

L'ascenseur arrive. Elle ouvre la porte, pousse un long soupire, lance à Paul un regard noir.

-  OK.

Il la rejoint. Dans l'ascenseur, ils gardent le silence, gênés par cette proximité. Emilie Rossetti a le même parfum épicé, Paul la même odeur de cigarette froide. 

Elle pose ses courses dans la cuisine, enlève son manteau. Il s'assied dans un fauteuil du salon.

-  Tu veux un café? demande-t-elle.

-  Une bière, plutôt, si tu as.

-  J'ai pas.

-  Alors un café, volontiers.

Elle allume sa machine Nespresso, prépare deux tasses. Lorsque les ristretti sont prêts, elle le rejoint dans le salon. Il a terriblement maigri, comme s'il était une version asséchée de lui-même. Sur son visage, elle lit une inquiétude nouvelle.

Il sort un paquet de cigarettes de sa poche et demande, d'un signe de tête, s'il peut. Elle approche un cendrier, se lève pour ouvrir la fenêtre et se rassoit.

-  Si tu en veux une, sers-toi.

Elle se sert. Elle n'a pas fumé depuis le nouvel an du commissariat. Martial Kübler, complètement ivre, lui avait offert une Marlboro rouge qu'elle avait acceptée. Elle l'avait regretté à la seconde où, par moins six degrés, Kübler s'était mis en tête de lui raconter la biographie exhaustive de son ex et unique femme.

-  Comment c'était, la prison? demande-t-elle à Paul.

-  Génial. J'ai appris le chinois et je suis devenu un expert aux échecs.

Même son humour est empreint de doutes et de fragilités. Il n'a plus aucun aplomb.

-  En réalité j'ai passé deux ans et demi à regarder des séries de merde, à avoir des aigreurs d'estomac et à écouter les blagues potaches de mon camarade de cellule qui, à la longue, ne me faisait plus rire du tout.

-  Triste sort.

-  Je suis d'accord.

Il tire sur sa cigarette et pose sur Rossetti des yeux éteints. La vue de ses jambes dépassant de sa jupe noire ne génère aucun bouillonnement en lui.

-  Au fait, mes condoléances pour ton père, reprend-elle. Je suis désolée mais je ne pouvais vraiment pas venir à l'enterrement.

Paul hoche la tête pour la remercier.

-  De quoi voulais-tu me parler?