parution février 2024
ISBN 978-2-88907-301-6
nb de pages 176
format du livre 140x210 mm
Histoire de l'homme qui ne voulait pas mourir
résumé
Longtemps, la narratrice ne sait rien de son voisin de palier, sinon qu’il s’appelle Sándor, qu’il est hongrois et homme d’affaires. Mais quand celui-ci tombe malade, peu avant qu’un virus ne se propage sur la planète, un rapprochement s’opère entre ces deux êtres dépourvus de points communs.
À travers le portrait d’un individu énigmatique, de plus en plus fragile et bouleversant, Catherine Lovey nous livre celui de notre époque, sur laquelle elle pose un regard précis et frondeur.
Originaire du Valais, Catherine Lovey est née en 1967 au sein d’une famille de paysans de montagne. Elle se plonge très tôt dans la lecture et dans l’écriture. Après des études en relations internationales, complétées par un diplôme en criminologie, elle travaille en tant que journaliste de presse écrite, spécialisée sur les questions économiques et financières.
En 2005, elle publie son premier roman L’Homme interdit, suivi de Cinq vivants pour un seul mort (2008) et d’Un roman russe et drôle (2010). Véritable romancière, Catherine Lovey crée des univers narratifs de crise qui poussent ses héros à mettre en doute leur identité même. La disparition y est un motif récurrent. Ses personnages cherchent à instaurer de la clarté à travers des mots qui paraissent solides et ne cessent pourtant de leur échapper. Ils partent en voyage, s’engagent dans des recherches, essaient d’attraper la réalité pour y mettre bon ordre. Tout autour, le monde vacille.
« Catherine Lovey est une journaliste spécialisée en criminologie. Elle sait écrire et disséquer les âmes. Qu’espérer de mieux ? Le prochain Lovey. » (Anthony Palou, Figaro Madame, 10.12.2005)
Helvétique équilibre. Dialogues avec le Point de vue suisse du prix Nobel de littérature 1919 (2019, autres traductions)
En 1919, Carl Spitteler (1845-1924) devient le premier Suisse à recevoir le prix Nobel de littérature. Notre point de vue suisse, son discours prononcé au début de la Première Guerre mondiale en faveur de la paix et de la neutralité, avait marqué l’esprit de Romain Rolland ou Blaise Cendrars. Le voici dans une nouvelle traduction. Cent ans plus tard, huit écrivains, alémaniques, romands et tessinois, entrent en dialogue avec l’écrivain. Quel rapport la Suisse et ses habitants entretiennent-ils avec leurs voisins européens ? Avec la question des migrants ? Les frontières sont-elles toujours aussi définies qu’il y a un siècle ? Quelles valeurs rattache-t-on aujourd’hui à cette fameuse neutralité helvétique ? Neuf textes et autant de points de vue sur des questions brûlantes.
Né à Liestal, Carl Spitteler est un observateur critique des dogmes dominants au début du XXe siècle. Huit écrivains, de langues et de générations diverses, proposent en écho leur « point de vue suisse » : Adolf Muschg, Pascale Kramer, Fabio Pusterla, Daniel de Roulet, Dorothee Elmiger, Catherine Lovey, Tommaso Soldini et Monique Schwitter
Édité par Camille Luscher
Traduit de l’allemand et de l’italien par Étienne Barilier, Anita Rochedy, Marina Skalova, Mathilde Vischer, Lionel Felchlin, Camille Luscher,Que ce soit de Lausanne à Paris, de Vienne à Genève ou de Glasgow à Londres, chacun des treize auteurs de ce recueil situe son histoire à bord d’un train qui parcourt l’Europe. À l’occasion d’un long trajet en chemin de fer, l’une se souvient de son voyage dix ans plus tôt, elle traque la différence entre son être d’hier et d’aujourd’hui. Un autre se remémore la géniale arnaque dont il a été l’auteur, un troisième retrace l’incroyable hold-up ferroviaire du South West Gang dans l’Angleterre de 1963.
Ces nouvelles donnent une vue d’ensemble inédite sur la manière de concevoir l’Europe comme espace physique et symbolique. Les auteurs étant de générations très diverses, le lecteur appréciera les différentes manières d’appréhender notre monde proche et de s’y situer.
Nouvelles de Aude Seigne, Blaise Hofmann, Anne-Sophie Subilia, Gemma Salem, Bruno Pellegrino, Arthur Brügger, Daniel Vuataz, Marie Gaulis, Fanny Wobmann, Catherine Lovey, Julie Guinand, Guy Poitry, Yves Rosset.
Préface de Daniel Maggetti, postface de François Cherix
Monsieur et Madame Rivaz (2016)
Ce roman raconte la vie trépidante et ordinaire d’une jeune femme du XXIe siècle à l’esprit don quichottesque et qui, prise dans l’œil du cyclone, ne comprend ni ne maîtrise grand chose de ce qui lui arrive à elle en particulier et au monde en général. Avec une ironie mordante, l’écriture énergique, les réflexions de Catherine Lovey nous font traverser un monde archi contemporain, fourmillant de récits et de personnages, et nous promènent le long de milieux très différents, des hôpitaux aux paquebots, de l’université à la montagne.
Monsieur et Madame Rivaz raconte l’histoire d’une femme qui va au combat pour retrouver un sens à la vie et au monde d’aujourd’hui. C’est un livre sur la possibilité ou l’impossibilité de la bonté.
Visiter le site officiel de l'auteure : http://www.catherine-lovey.com/les-romans/monsieur-et-madame-rivaz
L'Homme interdit (2011, Zoé poche)
« J’ai reconnu le sac de linge sale de mon hôtel, mes pantalons et mes chemises, étalés sur une table noire. Certains de mes vêtements étaient emballés dans un plastique jaunâtre, déjà étiquetés. J’ai vraiment commencé à comprendre qu’aux yeux de la police judiciaire, je n’étais pas juste un pauvre type dont l’épouse s’est volatilisée. »
Visiter le site officiel de l'auteure : http://www.catherine-lovey.com/les-romans/l-homme-interdit/
Un roman russe et drôle (2010)
Un homme est enfermé dans une colonie pénitentiaire en Sibérie. Il a tout perdu. Son immense richesse, son pouvoir, ses projets. Il s’appelle Mikhaïl Khodorkovski. Une femme, Valentine, se demande s’il existe encore des héros. Elle est fascinée par le destin de ce prisonnier russe. C’est une idée folle, bien entendu. D’ailleurs, tout le monde lui dit que ce type est un bandit, un sacré profiteur. Mais Valentine Y. s’entête. Elle quitte son pays, s’enfonce dans la Russie.
Cette histoire, qui se déroule aujourd’hui, est naturellement très romantique.
Visiter le site officiel de l'auteure : http://www.catherine-lovey.com/les-romans/un-roman-russe-et-drole/
«Jeudi dernier, mon ami Markus Festinovitch s’est jeté par une fenêtre. C’était mon meilleur ami. Il avait garé sa voiture sur Oberholzstrasse. Il visitait un logement rénové en compagnie de Gabriella. Je ne sais pas depuis combien de temps Gabriella était sa maîtresse. Peut-être deux ans. C’est ce que je dirais. L’appartement donne sur Kohnzingerstrasse. On voit le fleuve depuis neuf des quatorze
fenêtres de cette habitation, elles sont toutes hautes et très larges, sauf celle par laquelle Markus s’est jeté, qui est plus petite et assez difficile d’accès. »
Visiter le site officiel de l'auteure : http://www.catherine-lovey.com/les-romans/cinq-vivants-pour-un-seul-mort/
L'Homme interdit (2005)
"C'est à ce moment-là que ça m'est tombé dessus. Une fois à bord. J'étais coincé dans la ceinture du siège, forcé à l'inactivité, mon contrat était derrière moi, alors la nouvelle de la dsparition de ma femme m'est tombée dessus. Je suppose que, par un processus inconscient, j'ai épelé longtemps cs mots dans ma tête, avant qu'un sens n'en émerge. Je ne peux pas dire que j'aie saisi le fait que mon épouse avait disparu, ni mesuré les implications exactes de cette information. Mais, dans cet avion, j'avais soudain franchi une étape, en reliant le mot "disparition" au prénom "Rachele", celui de mon épouse, tandis que l'hôtesse déposait sur ma tablette un sandwich au cresson. Tout ce que je déteste."
L'Homme interdit est le premier roman de Catherine Lovey.
Visiter le site officiel de l'auteure : http://www.catherine-lovey.com/les-romans/l-homme-interdit/
Histoire de l'homme qui ne voulait pas mourir: extrait
1. Il était une fois un homme, un brave homme audacieux, qui ne voulait pas mourir. Cet homme savait que la mort existe. Il savait même qu’elle se manifeste tous les jours. Seulement, il ne pouvait pas croire qu’elle le menaçait, lui, personnellement. Un peu comme si le soleil qui le réchauffait n’était pas celui qui réchauffe les autres, pas le même soleil, ni la pluie qui le mouillait. Cet homme, je le connaissais. Il était mon voisin. Tous les jours, quand il ne voyageait pas, or il voyageait beaucoup, nous nous rencontrions à un moment de la journée ou de la soirée. Parfois, nous échangions juste un salut, parfois quelques mots, et il arrivait que ceux-ci se prolongent par un verre partagé.
Mon existence peut être qualifiée de solitaire. Celle de l’homme qui ne voulait pas mourir aussi. Toutefois, nous n’étions seuls ni l’un ni l’autre. On ne peut pas prétendre être seul en vivant dans une petite ville dont les parages sont eux aussi habités. S’isoler consisterait, à mes yeux, à m’installer dans une forêt sibérienne qu’aucune route ne relie, et encore. Il m’arrive d’imaginer qu’une telle existence serait possible. Souhaitable. À condition que la forêt ne soit pas congelée dix mois sur douze et qu’un cours d’eau conséquent, voire un lac, se trouve non loin de l’emplacement où je me serais débrouillée pour dresser quelque chose qui ressemblerait, sans en être, à des murs et à un toit.
Il y a trois ou quatre ans, avant que l’homme qui ne voulait pas mourir tombe malade, ou plutôt, avant que l’homme qui pensait que le soleil qui l’éclairait n’était pas le même que celui qui m’éclaire, moi, n’apprenne qu’il était malade, nous avions parlé ensemble de ces rêves de cabanes au fond des bois. De ces projections ridicules, s’agissant de deux êtres, lui autant que moi, incapables de concevoir la vie autrement qu’elle ne l’est, avec ses robinets et chasses d’eau, ses interrupteurs d’électricité, son chauffage au sol, ses connexions hyper rapides à l’internet, et son mot d’ordre insensé nous enjoignant d’épargner les ressources naturelles tout en nous contraignant, par notre seule présence en ce monde confortable, à les épuiser à chaque seconde du jour et de la nuit. Nous ricanions en évoquant ces fantasmes d’abris à l’écart de la civilisation, l’homme qui ne voulait pas mourir et moi. Mais nous ne ricanions pas pour la même raison. Lui affirmait que la stupidité de ce rêve, plus exactement le fait qu’il apparaisse stupide aux yeux de tous, donnait une bonne mesure de l’intelligence humaine, de tout ce qu’elle avait accompli jusqu’ici et produirait à l’avenir, qui ne manquerait pas d’être prodigieux. Pour ma part, ce rêve au fond des bois me rendait triste avant tout. Je le regardais comme un chat domestique étalé sur son coussin. Il arrive que ce genre d’animal manifeste soudain un réflexe d’attaque ou de défense en une coordination parfaite entre le cerveau et tous les muscles du corps. Le chat le plus avachi en est capable. Durant un laps de temps si court qu’il pourrait ne pas avoir existé, la bête laisse entrevoir la preuve qu’une vie sauvage serait encore possible pour elle. Et c’est ce qui m’arrive avec ma forêt sibérienne. Une nature souveraine, une solitude assumée; la totalité d’une vie et d’un paysage aussi redoutables qu’enviables, en une seule image. Et puis tout a déjà disparu. Ne restent que le coussin, les écrans, le quotidien à portée d’un doigt qui clique sur une souris.