parution mai 2021
ISBN 978-2-88927-839-8
nb de pages 128
format du livre 140 x 210 mm

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Jean-Bernard Vuillème

La Mort en gondole

résumé

« En pleine crise d’obsolescence », le narrateur prend le train pour Venise où il va prêter main forte à Silvia. Cette éternelle étudiante consacre une thèse à Léopold Robert, peintre neuchâtelois tombé dans l’oubli, mais célébré dans l’Europe entière dans la première moitié du XIXe siècle. Plus fascinée par la réussite de cet homme, parti de rien, que par son œuvre, Silvia tente de comprendre comment il en est venu à se trancher la gorge dans son atelier, à 40 ans. Avec son acolyte, elle écume les lieux, ruelles, monuments, par lesquels le peintre est passé. Leurs dialogues, comme un match de ping-pong, ponctuent une Venise tour à tour du XIXe et du XXIe siècles.

biographie

Écrivain, journaliste, critique littéraire, Jean-Bernard Vuillème est l’auteur d’une vingtaine de livres, des fictions (romans, nouvelles) et des ouvrages littéraires inclassables, proches de l’essai. En 2017, il est lauréat du Prix Renfer pour l’ensemble de son œuvre. Aux éditions Zoé sont notamment publiés : Sur ses pas (Prix de l’académie romande 2016), M. Karl & Cie (Prix Bibliomedia 2012), Une île au bout du doigt (2007), Lucie (Prix Schiller 1996) et L’Amour en bateau (1990).

En 2019, Jean-Bernard Vuillème a reçu le prix de L'Institut neuchâtelois pour l'ensemble de son œuvre et de sa carrière, une récompense reçue avant lui par Agota Kristof et Denis de Rougemont, notamment.

Le Regard Libre

"La balade dans les canaux vénitiens est avant tout une balade dans les méandres de la mémoire. Venise se fait plus spectrale que jamais. (…) C’est un bel hommage à un grand peintre oublié, doublé d’une intrigante quête d’identité entre Neuchâtel, Paris et Venise. Avec un silence qui plane : que gagne-t-on à se plonger dans le passé d’un autre pour fuir le sien ?"

Un article de Quentin Perissinotto à lire ici

L'Echo Magazine

"Dans une flânerie vénitienne incertaine, entre les jeux biaisés du désir, de l’ironie et de la postérité, Jean-Bernard Vuillème trace la destinée tragique de Léopold Robert, un peintre chaux-de-fonnier très célèbre du premier tiers du 19e siècle. Une réussite crépusculaire." Thibaut Kaeser

Vigousse

"Vuillième interroge le concept de postérité et de souvenir, les hasards qui fabriquent un destin, les mille détours de la création, et le mystère ultime de cette mort horrible et absurde (Robert s’est tranché la gorge puis a juste eu le temps de nettoyer la lame, comme il nettoyait ses pinceaux après usage)".

Coopération Magazine

"Essayiste et romancier à succès, auteur d’une vingtaine d’ouvrages, journaliste et chroniqueur littéraire, Jean-Bernard Vuillème vient de publier La Mort en gondole, aux Éditions Zoé. Il y décrit, avec cette patte crépusculaire et ironique dont il est coutumier, la fuite à Venise d’un homme vieillissant parti épauler une étudiante qui travaille sur le suicide du peintre chaux-de-fonnier Léopold Robert (1794–1835)."

Un entretien de Jean-Bernard Vuillème avec Eugenio d’Alessio à lire ici

Terre et Nature

"Très bien documenté, le dernier roman de l’inclassable écrivain chaux-de-fonnier évoque le style pictural dont il s’inspire – sa minutie, ses outrances, ses couleurs vives et un genre de patine brillante semblent l’imprégner comme une toile." Blaise Guignard

Radio Cité Genève

"Une flânerie vénitienne qui nous emmène dans un paysage pictural et littéraire absolument inédit."

Un entretien de Bernard Vuillème par Sita Pottacheruva à écouter ici

Marie Claire édition suisse

"Sensible et ironique à la fois, [le narrateur] tente de démêler ses sentiments, capte les marées du passé ou du présent, retrace par touches la vie du peintre romantique. Mais c’est bien sûr Venise qui envahit tout, entraînant dans ses brumes, ses eaux intrusives et ses dédales mordorés la littérature elle-même…"

Conseils de lecture (blog)

"Avec La Mort en gondole Jean-Bernard Vuillème nous fait écouter la voix des coeurs, nous fait ressentir la violence des sentiments et les passions dévorantes qui peuvent être mortelles. (…) Un bijou littéraire qui vous donnera certainement l'envie, un jour, de vous rendre à Venise sur les pas de Léopold Robert".

Une chronique de Jean-Pierre kupczyk à lire en entier ici

Vertigo

"Comme le livre nous fait naviguer entre le XXIème siècle, à travers un narrateur d'aujourd'hui qui va tout plaquer pour aller à Venise et le XIXème siècle, où l'on suit les traces de Léopold Robert, le peintre qui a donné son nom au boulevard qui traverse La Chaux-de-Fonds, les registres varient selon dans quel siècle on se trouve. C'est parfois tragique, c'est souvent burlesque, une des spécificités de Vuillème."

Une chronique de Geneviève Bridel à écouter ici

RTS - Culture

"Si ce nouveau roman brasse les thèmes plutôt graves chers à Jean-Bernard Vuillème – la relativité du succès, l’incommunicabilité, les jeux de l’amour et du hasard – il déborde de l’autodérision propre à l’auteur, passé maître dans l’art du burlesque. Un penchant naturel, qu’il cultive, car "quand il est permis de rire de ce qui nous afflige, c’est un vrai bonheur."

Un entretien de Jean-Bernard Vuillème avec Geneviève Bridel à écouter en entier ici

Le Temps

"Jean-Bernard Vuillème est parti sur les traces [de Léopold Robert] dans les ruelles de la Sérénissime. Et on le suit volontiers dans le dédale de cette existence enfouie, recouverte par l’oubli. (…) La patte burlesque de l’auteur de Lucie, de Pléthore ressuscité ou de M. Karl & Cie s’amuse dans la Venise sirupeuse des tour-opérateurs et du romantisme kitsch.

Le parcours de Léopold Robert prend de plus en plus corps, de façon non linéaire. Les années vénitiennes qui se terminent dans le drame forment le point de départ des recherches, le point de bascule où le fils d’horloger s’est perdu dans une quête artistique exacerbée, dans des jeux amoureux, mondains dont il ne maîtrisait, ou ne voulait pas maîtriser, les codes. (…)

Le suicide du peintre, particulièrement atroce et sanguinolent, sorte de hara-kiri dont on découvre les détails à la fin du livre, détonne dans un parcours marqué du sceau de la modération (…). C’est par les yeux et l’émotion d’Aurèle, le jeune frère, que Jean-Bernard Vuillème fait le récit, très beau, du parcours en gondole de la dépouille de Léopold jusqu’à l’île-cimetière de San Michele. Couleurs, lumières, rythme des barques, présence des peintres Turner et Ingres, entre autres : ces pages méritent à elles seules la lecture de La Mort en gondole."

Un article de Lisbeth Koutchoumoff à lire en entier ici

Le Journal du jura

"L’enquête proposée par Jean-Bernard Vuillème est d’ordre psychologique : mettant en miroir la mélancolie de ses deux personnages principaux, il scrute le désespoir de chacun. « Il y a une complexité chez Léopold Robert. Quand il quitte son village, il veut une carrière, un destin. Et, une fois la reconnaissance acquise, il semble souffrir d’un manque, est rongé par le doute », détaille l’auteur. Un sentiment d’imposture ? Peut-être. La certitude, si l’on en croit Jean-Bernard Vuillème, que sa main trop ferme, ses personnages statiques le privent de l’excellence à laquelle il aspire.

Une nature qui fait écho à la rigueur et au regard critique que Jean-Bernard Vuillème porte à son propre trait de plume. Un verbe fluide, justement, où chaque mot est pesé dans le souci d’une balance entre vérité, netteté et justesse. Son écriture accompagne les pensées de ses personnages, chaque mot, chaque idée menant aux suivants, à la façon d’une intelligence qui vagabonde." Adrian Vulic

Le blog de Francis Richard

"À Venise, amour et mort se mêlent comme ruelles et canaux, qui se prêtent bien aux allers et retours, dans le temps et dans l'espace. Après avoir encore vécu, trouver La Mort en gondole ne serait-ce pas une belle fin?"

Une chronique de Francis Richard à retrouver en entier ici

La Côte

"Le lecteur est plongé dans la Cité des Doges contemporaine et entre dans l'enquête sinueuse du narrateur, savourant petit à petit sa relation complexe et ambiguë avec la mystérieuse Silvia. Un texte à l'ironie tonique, drôle et enlevé, sur l'un des plus grands peintres romantiques, jadis adulé mais depuis quelque peu oublié, injustement..." Vincent Bélet

Le Courrier

"Après la Venise flottante et jamais nommée de La Ville provisoire, de Bruno Pellegrino (Ed. Zoé), Jean-Bernard Vuillème fait de la ville-musée bordée par le cimetière de San Michele, fascinante île des morts, le cadre d'une étonnante méditation sur l'art, la reconnaissance et l'oubli, sur l'amour, la mort et le sens à donner à sa vie. Ce roman crépusculaire est illuminé par l'humour de l'auteur chaux-de-fonnier. Une fuite éperdue, tragique et gondolante à l'image d'une vie." Anne Pitteloud

Le Matin Dimanche

"Un homme sans avenir se tourne vers le passé pour tenter de renaître dans la Cité des Doges. C'est énigmatique, paradoxal, déroutant et, grâce au talent de l'auteur, délicieusement entêtant. (...) Rien n'est affirmé, tout est suggéré. L'époque romantique de Léopold Robert vient à la rencontre du XXIe siècle, les couches temporelles se chevauchent, des échos se font entendre, des analogies se révèlent entre des personnages confrontés à leurs limites. C'est un roman de l'effacement, de la disparition et de l'oubli (...) mais qui ne se complaît pas dans les tons crépusculaires. Malgré la mort promise par le titre, le narrateur vit sa "crise d'obsolescence" sans se départir d'une ironie allègre." Michel Audétat

RTN

« L’artiste Léopold Robert et son destin funeste à Venise servent de fil rouge au nouveau roman de l’auteur chaux-de-fonnier »

Jean-Bernard Vuillème, invité de Joëlle dans La Matinale de la RTN. Un entretien à réécouter ici

La Liberté

"Jusqu'à la somptueuse scène d'enterrement finale, (...) on flotte en suspension dans cette habile vanité littéraire, où l'ironie semble tapie dans les replis du drame. En rire ? De cette déconcertante réécriture de Mort à Venise on hésiterait à se gondoler si l'auteur ne nous y incitait pas: "Il y a des pièces tellement éculées que l'on ne peut plus les jouer sans en rire", lance-t-il avant une ultime pirouette versant dans le tragi-comique. Oui, bien que drapé de funeste mélancolie, Vuillème demeure ce prince du cocasse. Nul n'échappe vraiment à son personnage." Thierry Raboud

Les Blogs (en partenariat avec la Tribune de Genève)

"Vuillème se joue parfaitement des clichés sur la Venise romantique (Thomas Mann, les voyages de noces, les promenades en gondole, etc.), haut lieu des passions malheureuses. Sa Venise est un labyrinthe où le narrateur peine à trouver son chemin. (...) Un roman singulier qui est à la fois un hommage à un grand peintre oublié et une quête d'identité (et de renaissance) dans une ville surchargée d'images et d'histoires extraordinaires."

Une chronique de Jean-Michel Olivier à retrouver en entier ici

Le Quotidien Jurassien

"À travers un roman inspiré par le drame du peintre Léopold Robert, l'écrivain lui rend un hommage émouvant. Si la fiction habille habilement le récit, l'auteur, historien dans l'âme, n'a pas ménagé ses recherches dans le fil des péripéties artistiques du début du XIXe siècle. Ainsi apparaissent à ses funérailles Turner et Ingres, qui ont vécu à Venise à cette époque. Vrai ou faux ? Qu'importe.

Les lecteurs aimeront ou détesteront le personnage masculin, fil rouge du récit. Celui-ci n'est après tout que le reflet de ces hommes décatis, qui s'enflamment pour un amour grotesque, ici jusqu'à la mort, présentée de manière tragicomique et à laquelle participe cruellement l'étudiante-mirage.

Si Léopold Robert pouvait retrouver sa gloire passée grâce au roman, les Chaux-de-Fonniers amateurs d'art seraient comblés." Bernadette Richard

La Tribune de Genève

"Le romancier Jean-Bernard Vuillème suit Léopold Robert au bord du gouffre. Rencontre entre l'histoire de l'art et le vertige de la réussite.

(…)

Dans un décor à peu près inchangé depuis la mort du peinte, Jean-Bernard Vuillème n’a aucun mal à imaginer son compatriote allant et venant d’un canal à un autre, occupé à composer « Le départ des pêcheurs de l’Adriatique », sa dernière œuvre monumentale. Il refait le parcours en gondole qui conduisit le cercueil de l’artiste à la gorge tranchée jusqu’au cimetière de San Michele."

Un article de Benjamin Chaix à lire en entier ici

Ma collection de livres (blog)

"(…) C’est là que Jean-Bernard Vuillème est grand. Il fait de ce voyage inutile un écrin soyeux qui enveloppe tout à la fois une œuvre qui mérite d’être appréciée et un petit bijou introspectif. Oui, il faut prendre le train, oui, il faut écrire, oui, il faut se passionner ! Il n’y a pas d’âge pour cela. Et il ne faut pas de raison particulière pour cela. Sinon d’entrainer dans son sillage des lecteurs admiratifs. Car la plume de l’auteur de Lucie ou encore Une île au bout du doigt est toujours aussi allègre, son humour toujours aussi délicat. Et on sent en lisant combien il aime trouver autour de lui les thèmes de ses livres, lui qui a raconté tout aussi brillamment l’histoire des Cercles neuchâtelois ou celle de Suchard, qui s’est implanté à Neuchâtel au XIXe siècle. Parions que cette fois encore, vous aurez plaisir à le suivre. D’autant qu’en ces temps troublés, une telle invitation au voyage ne se refuse pas !"

Une chronique de Henri-Charles Dahlem à lire en entier ici

Le Nouvelliste

"Dans un titre à la fois intrigant et programmatique, «La Mort en gondole», Jean-Bernard Vuillème raconte le départ d’un homme vieillissant qui fuit son existence pour ne pas sombrer dans le néant, et aide une jeune femme pour ses recherches sur Léopold Robert, à Venise."

Un entretien de Jean-Bernard Vuillème avec Laurence de Coulon à lire en entier ici

Sur ses pas

Suite à la découverte d’une vieille clé, Pablo Schötz décide de remonter le cours de ses anciens domiciles. Mais la bonne serrure tarde à se présenter. Cette clé serait-elle le Graal qui estomperait la distance entre le passé et le présent, qui « rassemblerait le petit garçon et l’homme mûr en train de se demander si ce petit garçon a vraiment existé ? ». Voici le récit haletant d’une cavale au-devant d’un passé.

Périple vertigineux et parcours particulier dans le XXe siècle : le confort de la modernité apparaît dans les foyers avant d’être refusé par les soixante-huitards, le téléphone à touches remplace celui à roue mobile. Lucie la première épouse, une maison de paradis, puis la solitude, puis une nouvelle famille. Passé et présent se bousculent de maisons enmaisons, de couloirs en couloirs, et le motif des sols font fait surgir des souvenirs où le particulier dit ce qui est propre à chacun, l’universel.

M. Karl & Cie

Un homme se rend à un entretien d’embauche dans une vaste compagnie d’assurance à Gorgengut, un lieu difficile d’accès. A sa grande surprise il est immédiatement engagé au poste de médiateur. Son regard interrogateur et son imagination semblent avoir convaincu la directrice des ressources humaines. Il sait observer, explorer, garder ses distances, se montrer proche et humain.

La maison d’assurances pour laquelle il déploie son ardeur professionnelle est faite de labyrinthes et d’opacité. M. Karl, en cherchant pathétiquement sa place dans l’entreprise, fait découvrir au lecteur les aventures rocambolesques qui se déroulent en coulisses.

Dans un univers kafkaïen et chaplinesque, Jean-Bernard Vuillème explore les relations humaines au sein de la direction, ainsi que les fantasmes de M. Karl, avec un grand sens de la dérision.

Une île au bout du doigt

 

Philéas Fogg voyageait en aveugle en 1872, l’œil rivé au chronomètre pour gagner son pari. Sur un coup de dé, lui aussi, Saélif Goff fait en 2004 le tour du petit territoire des Malouines en trente et un jours sans rien négliger de son actualité et de son histoire. Ce roman instaure ce lieu du bout du monde comme personnage principal dont tous les autres émanent : le voyageur lunaire insatiablement curieux qui s’est rendu prisonnier d’un jeu hasardeux, les autochtones qui vivent en plein vent dans une Grande-Bretagne mythique, et les personnages historiques, fantasmés du haut d’un phare, qui en ont fait le jouet de leurs ambitions.
Du premier colon de ces terres inhospitalières, le Français Bougainville, à l’héroïne controversée qui a chassé les Argentins en 1982, la Dame de Fer Margaret Thatcher, le globe-trotter ne néglige aucune exploration. Les aventures de Saélif Goff illustrent avec humour et pertinence les thèmes de la guerre, du pouvoir et de l’amour.
Le Fils du lendemain

 

"Celui qui est né de travers se sent singe, fils-singe, et se retient parfois au milieu d’une phrase de ne pas pousser des cris de singe. Il trouve ses racines dans les grimaces et les facéties de ses plus lointains ancêtres et rôde volontiers autour de leurs cages.»

Ce roman raconte le vertige identitaire d’un homme à la recherche de son père biologique. Le Fils du lendemain dit d’une manière à la fois brûlante et distanciée, grave et légère, le poids de ces indicibles et banales vérités dissimulées au coeur des familles unies ou désunies.

 

Carnets des Malouines

Les Malouines ou les Falkland ? Deux noms pour un même pays font un bon sujet de conflit et promettent un sac d’embrouilles. Mais tout serait calme depuis juin 1982 quand les Britanniques, manu militari, en ont expulsé les envahisseurs argentins. Ce qui n’empêche pas ces mêmes Argentins de continuer d’appeler Malvinas cet archipel situé à 400 kilomètres de leurs côtes. Or, malgré les 12 000 kilomètres qui l'en séparent, Londres voit dans cette appellation une preuve supplémentaire de la nature manifestement britannique des Falkland, puisque les Argentins n’avaient fait qu’emprunter le nom de Malvinas aux marins bretons de Saint-Malo qui les avaient baptisées Malouines… Plus de vingt ans après la guerre qui a vraiment fait de Margaret Thatcher la Dame de fer, la question de la souveraineté oppose encore Argentins et Britanniques.

Parti là-bas pour écrire un roman, Jean-Bernard Vuillème en a d’abord rapporté ces Carnets des Malouines. Ses notes, prises au jour le jour dans cette minuscule communauté de Britanniques du bout du monde, protégés par deux soldats pour trois habitants et coupés de tout lien avec l’Argentine voisine, ne manquent ni d’intérêt, ni surtout de piquant.

L'Amour en bateau (2002, Zoé poche)

L'Amour en bateau

Lucie (1995)

Lucie

La Mort en gondole: extrait

I

 

    Je viens de prendre place dans un siège où je me suis laissé tomber, heureux et fourbu. Il suffit, il est temps de partir. C’est la première fois que je me trouve dans un train bercé par la sensation de laisser ma vie derrière moi. Je vais retrouver Léopold et Silvia à Venise. Le paysage commence déjà à défiler. C’est le cinéma que je préfère. D’abord la silhouette de maisons familières, de rues et de places que je traverse généralement sans les regarder. Une femme à sa fenêtre – un chien trottine au bord d’une route et soudain se précipite dans un patio – buste massif d’un chauffeur de poids lourd les mains presque à plat sur le volant. Des fragments d’histoires cadrés à toute vitesse plutôt que le plan fixe d’une histoire lancinante. Maintenant le train s’éloigne de la ville. Je tourne le visage devant moi, il n’y a personne dans mon compartiment et je peux prendre mes aises, étendre mes jambes. Quelques voyageurs silencieux se sont installés dans le wagon, à portée de vue une femme entre deux âges aux yeux baissés et tirant souvent sur sa jupe et un dos d’homme immobile avec un coude glissant parfois sur l’accoudoir. Je ferme les yeux, non pour dormir, mais pour mieux savourer mon départ, m’abandonner à une vague mécanique qui m’emporte enfin. Me voilà parti pour la première destination qui me soit venue à l’esprit.

  C’est une fugue sénile. Je suis en pleine crise d’obsolescence et je dégage. Je vivais sur mes acquis. Comment vivre sans s’accrocher à ce que l’on possède ? Il aurait fallu sentir le point de rupture entre le temps de l’expansion et le temps du repli et me retirer petit à petit, pas à pas, au lieu d’attendre que l’eau monte jusqu’au menton pour me mettre à nager comme un forcené. Une marée montante m’a fait décamper. Le monde vous rattrape, vous dépasse et vous n’existez plus.

  Je suis parti sans me retourner. Je n’ai rien emporté, rien, pas même un rêve d’autre vie, je suis parti à la sauvette, le cœur battant, comme un animal surpris dans son sommeil. Pourtant, je sais où je vais. Silvia est une jeune femme qui s’est prise de passion pour un peintre au destin tragique au point d’en faire, m’a-t-elle dit, le sujet d’une thèse. Parti d’un village perdu dans le Jura suisse, ce peintre croyait avoir conquis le monde. Il était sorti de nulle part pour devenir une gloire universelle. C’est son histoire qui captive cette jeune femme et non sa peinture qui la laisse indifférente. Je l’entends encore : « J’admire son effort, le sérieux et la passion avec lesquels il peignait, mais pas sa peinture ». Je la vois, en train de s’animer, ses mains se mettent à bouger, elle repousse une mèche rebelle de ses doigts fins et tourne vers moi son regard azur. Si belle que j’en reste muet, alors que j’aimerais prendre la défense de Léopold. Peut-on vraiment admirer quelqu’un pour son effort et non pour ce qui en résulte ? Vivre est un effort que personne n’applaudit, surtout avec le temps, quand les articulations se mettent à grincer et que les muscles s’avachissent, y compris le cerveau, à commencer par la mémoire, ce qui fait qu’un homme de tête peut devenir un homme à trous. Sans parler d’une vague oppression, parfois, du côté du cœur. Comme en ce moment malgré mon grand calme, ma sérénité, d’abord un pincement qui me fait rouvrir les yeux, puis la sensation d’abriter une masse de plomb brûlante plutôt qu’un cœur battant au centre de mon être. Je pourrais crier tant j’ai peur. Une peur animale sans autre expression possible que de crier. Je me retiens et me tourne vers la fenêtre et aussitôt m’apaise le défilé des images de fragments de paysage et de gens à l’intérieur des fragments. A peine entrevus déjà disparus. La fenêtre avale mon cri et mon regard dérape sur le monde comme s’il n’y était pas tout à fait, un regard passager très fasciné mais plus tout à fait concerné.

  Moi, je suis parti tardivement pour renoncer et non pour conquérir comme ce jeune peintre dont Silvia admire l’effort. C’est mon dernier sujet de fierté, cette course hors de ma vie, vers la gare, pour m’extraire de mon univers au lieu de m’y cramponner et de vouloir encore et toujours reconstruire. Le train ralentit, freine, décollant légèrement mon buste du siège. Des gens se hâtent sur le quai en tirant leurs valises. Parmi eux, figurent probablement des personnes qui seront là d’ici deux ou trois minutes, en face de moi, à côté de moi. Je ne sens plus mon cœur, j’entends les essieux qui grincent. Au lieu de tourner en rond dans mon passé, j’ai décidé de m’intéresser au départ de Silvia sur les pas de son peintre neurasthénique.