parution mai 2022
ISBN 978-2-88907-007-7
nb de pages 192
format du livre 105x165 mm

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Gustave Roud

Air de la solitude

résumé

Publié en 1945, Air de la solitude rassemble des textes parus en revue à partir de la fin des années 1920. Soigneusement sélectionnés et arrangés, ils forment une suite au long des saisons, d’un automne au suivant. Livre de la maturité, c’est l’un des recueils les plus importants du poète Gustave Roud (1897-1976), qui y formule « d’inquiètes questions sans cesse reprises », selon le mot de Philippe Jaccottet.

Préface de Marie-Hélène Lafon

biographie

Poète, Gustave Roud (1897-1976) est l’auteur d’une œuvre rare. Les trois volumes d’Écrits, publiés par Philippe Jaccottet en 1978, qui rassemblent l’ensemble de son œuvre poétique, sont de plus en plus lus. Ses textes poétiques répondent à des préoccupations contemporaines via une écriture d’une grande pureté classique : L’imaginaire roudien séduit les amateurs de poésie mais intéresse aussi les champs suivants : écocritique, géographie littéraire, études sur le paysage, ou encore queer studies.

Terre et Nature

"C'est comme si on le voyait, le poète vaudois, interrompant l'une de ses longues marches dans le Haut-Jorat pour s'appuyer contre un tronc, observer le paysage, sentir la tiédeur de ce premier air printanier, relire une lettre de son ami Chappaz. Ce recueil de textes et de photographies, publié en 1945, nous mène d’un bout à l’autre de l'année au fil des saisons et des pensées de Gustave Roud. Il y a la tristesse et le bonheur, la vie et la mort, la rudesse des travaux des champs et la nature tout autour, et la plume du poète-marcheur qui lie ces pensées comme on noue une gerbe au temps des moissons." Clément Grandjean

Philosophie Magazine

« Mais qu'est-ce qu'ici ? Et n'est-ce pas un peu notre faute si nous n'en faisons pas un perpétuel ailleurs ? », interroge Gustave Roud (1897-1976) dans l'un de ses plus vibrants recueils, Air de la solitude, réédité cette année. Air, solitude deux mots qui, dans leur simplicité, disent peut-être l'essentiel du poète vaudois : esseulement d'un homme arpentant inlassablement les chemins du Haut-Jorat où il passa presque la totalité d'une existence vouée à la mélodie de la langue. Sa poésie est comme tendue vers « l'instant suprême où la communion avec le monde nous est donnée [en une] immense gerbe de messages, un concert sans cesse renouvelé de cris, de chants, de gestes, où tout être, toute chose est la fois signe et porteur de signe ». « L'homme sent crouler sa risible royauté intérieure et tremble et cède aux appels d'un ailleurs indubitable. » Contre la fuite en avant obsessionnelle de la modernité qui « [rend] ici toujours pareil à soi », Roud invite à prêter une attention nouvelle à la profondeur des lieux terrestres. « Je pose un pas toujours plus lent dans le sentier des signes qu'un seul froissement de feuilles effarouche. » Si nous savions habiter quelque part, « ce monde-ci [...] deviendrait pour nous le Ciel ». Samuel Lacroix

Journal Riviera Chablais

"De sa prose poétique, Gustave Roud croque le monde paysan qui l’entoure et qu’il sait sur le déclin. Le lecteur est emmené dans la campagne vaudoise, au fil des saisons et des pérégrinations de l’auteur. Le poète lève le voile sur son intimité et ses « inquiètes questions sans cesse reprises », selon les mots de Philippe Jaccottet. Un recueil majeur."

RTS - Culture (QWERTZ)

"Prélude aux Œuvres complètes éditées en octobre, cette publication en format poche donne à redécouvrir un des recueils les plus remarquables du poète et photographe vaudois. Composé d’une trentaine de textes brefs publiés depuis les années 20, ce livre de 1945 dit, dans des concrétions poétiques d’une beauté sidérante, les travaux des champs à la saison maussade, la mélancolie du poète et ses fantômes familiers. Une merveille." Nicolas Julliard

Le blog de Francis Richard

"Gustave Roud est un promeneur solitaire, peignant les paysages parcourus qu'il écoute et regarde, sensible à la parenté du pouvoir des paysages avec les puissances de la musique, et disant les travaux des hommes parmi lesquels, davantage que dans les lieux déserts, se trouve l'absolu de la solitude." Francis Richard

Le Temps

"Après avoir lu ces proses poétiques incantatoires, hommage aux oiseaux et aux habitants des campagnes, on ne voit plus notre place au sein du vivant, de la nature et du temps de la même manière. Gustave Roud sait saisir les présences ensorcelantes du passé et ses fantômes, au cœur même du présent. Avec des photographies réalisées par le poète et une préface inédite de la romancière Marie-Hélène Lafon." Julien Burri

Livresuisse Magazine

"Air de la solitude constitue l’un des recueils majeurs de Gustave Roud. Y sont rassemblés des textes jusque-là parus en revue, dès la fin des années 1920. S’y esquisse, sous le tracé aérien de mots, un cheminement au fil des saisons, d’un automne à l’autre. Des paysages et des êtres qui font écho aux photographies en noir et blanc (prises par l’auteur), égrenés entre les textes. Solitude, peut-être, mais souffle avant tout." Magali Bossi

Le blog de Fabien Ribery

"En ouvrant Air de solitude, on peut s’enchanter des subtilités et des beautés de la prose poétique de Roud, comme de ses photographies impeccables aux très fines nuances de gris de la campagne suisse et de ses paysans. (…)

Il y a un ailleurs, une transcendance, une sorte de transfiguration permanente pour qui sait entrer dans l’existence poétique. Parfois, le temps s’arrête, s’approfondit, et s’élargit."

Un article de Fabien Ribery à lire ici

L'usage du papier

"Receuil de texte paru à la fin des années 20, Air de la solitude décrit le passage des saisons avec une infinie pudeur, comme autant de nuances qui atteignent le coeur."

Les mots à la bouche

"Immense plaisir de lire la poésie de Gustave Roud accompagnée de ses photographies et d'une magnifique préface de Marie-Hélène Lafon ! "Le désir et la nécessité le poussent. C'est un vertige, c'est une ardeur, ça prend tout le corps, les mains, les épaules, le torse, la tête nue, les hanches, les pieds et ça ne vous lâche pas, ça ne vous lâchera plus c'est à la vie à la mort." Merci aux éditions Zoé pour le bel objet !"

Requiem et autres poèmes

Sa vie durant, Gustave Roud a patiemment traqué, dans les gestes d’un meunier, le chant d’un bouvreuil ou le scintillement d’une étoile, les signes d’un "ailleurs", un monde derrière le monde, où le temps n’aurait plus cours. En 1933, à la mort de sa mère, il se lance dans la composition d’un livre qui restituerait cette trajectoire intime, spirituelle et poétique. À sa sortie en 1967, Requiem est applaudi comme son chef-d’oeuvre.

Préface de Claro

Petites notes quotidiennes (ou presque)

Au printemps 1933, la mère de Gustave Roud meurt. Le poète de trente-six ans entreprend de faire le récit de ses derniers mois, tout en sauvant, dans son agenda, ce qu’il peut des journées qui filent. Ses notes deviennent, plus que jamais, son point d’ancrage dans un monde instable.
Avec ce journal intime, inédit de son vivant, Roud nous offre comme dans sa poésie une leçon de regard, de patience et de désir.

Préface de Pierre Bergounioux

Oeuvres complètes (2022, domaine français)

Oeuvres complètes

Grand marcheur, déchiffreur infatigable du Jorat, cette région de plaine et de collines où il a vécu toute sa vie, Roud a suscité de son vivant l’admiration de ses lecteurs et de ses pairs, qui tous ont souligné le caractère envoûtant de sa prose lyrique.   Gustave Roud regarde la nature à l’œil nu, et la nature ne le distrait pas, commente par exemple Jean Paulhan en 1957. Le poète ne considère pas la campagne de l’extérieur : il entretient une relation intime, intense, avec le vivant – arbres et fleurs, forêts, champs et prairies, oiseaux et bêtes sauvages, ciel et constellations, étangs et rivières. Parlant des paysages, des saisons, des gestes et des corps des paysans, ses textes témoignent de la quête d’un paradis immanent. À la fois chant du monde et méditation sur la fin de la ruralité traditionnelle, la poésie de Roud apparaît aujourd’hui comme précurseur des écritures contemporaines qui tentent de renouer le lien défait entre l’humain, son habitat terrestre et les vies qui le peuplent. Cette édition critique des Œuvres complètes rassemble, en quatre volumes enrichis d’un choix de photographies de Roud, la production littéraire du poète (vol. I), du traducteur (vol. II), de l’auteur du Journal (vol. III), du critique littéraire et du critique d’art (vol. IV). Elle rend compte du rôle majeur que Roud a joué dans la vie culturelle de son époque, comme collaborateur et rédacteur pour divers éditeurs, Henry-Louis Mermod et la Guilde du livre notamment, ainsi que pour des revues littéraires ou destinées au grand public. Assortie d’index, pourvue d’introductions, de notices et de notes qui exploitent la riche documentation archivistique et historique conservée en particulier dans les fonds du Centre des littératures en Suisse romande (Université de Lausanne), l’édition, qui propose des textes inédits dans chaque volume, permet de satisfaire les intérêts et curiosités multiples que suscite l’œuvre de Gustave Roud, aussi bien auprès des amateurs de poésie que des chercheurs en littérature du XXe  siècle.

Les Œuvres complètes de Gustave Roud se présentent sous la forme d’un coffret de quatre volumes comptant 5120 pages, 90 photos couleurs et de très nombreuses illustrations noir blanc.

Le volume 1 (1456 pages) comprend les œuvres poétiques : recueils, textes publiés en revue et textes inédits.

Le volume 2 (1088 pages) rassemble l’essentiel des Traductions : recueils consacrés à Novalis, Hölderlin, Rilke, Trakl dont Roud est un des premiers traducteurs en français; traductions publiées en revue ou dans des volumes collectifs – notamment de Wilhelm Müller, Goethe, Clemens Brentano, Hildegard von Bingen ou encore Eugenio Montale.

Le volume 3 (1280 pages) livre les notes de journal (1916-1976) dans toute leur diversité archivistique – feuillets épars, manuscrits et dactylogrammes, carnets, cahiers, agendas. Événements du jour, réflexions sur soi, descriptions de paysages, projets, propos sur l’art, poèmes…

Le volume 4 (1296 pages) réunit l’ensemble des articles et études critiques que Roud a consacrés, tout au long de sa vie, à des poètes, écrivains et peintres, le plus souvent contemporains.

Bruno Pellegrino, Julien Burri, Alessio Christen, Raphaëlle Lacord, Stéphane Pétermann et Elena Spadini, sous la direction de Claire Jaquier et Daniel Maggetti

Sous la direction de Claire Jaquier et Daniel Maggetti
Essai pour un paradis suivi de Pour un moissonneur

Pour un moissonneur paraît en 1941, un peu moins de dix ans le séparent d’Essai pour un paradis : deux jalons dans l’œuvre du poète Gustave Roud (1897-1976), réunis ici pour la première fois et ponctués de photographies de l’auteur. Dédiant l’un et l’autre recueil à un ami paysan, le narrateur dit autant l’amour qui le porte vers lui que la distance qui l’en sépare, avant le nécessaire retour à la solitude : le paradis traversé, pour le poète, n’a nulle permanence.

Préface de Maryline Desbiolles

Adieu/requiem (1997, Minizoé)

Adieu/requiem

Le poète Gustave Roud (1897-1976) a passé toute sa vie à Carrouge, dans le canton de Vaud. L' "ancien monde paysan", les paysages du Jorat constituent la matière poétique de son œuvre. Deux de ses recueils pourtant – le premier, Adieu (1927), et l'avant-dernier, Requiem (1967) – sont moins une salutation du monde qu'un appel adressé aux êtres chers. Dans Adieu, c'est Aimé, le "frère vivant", qui est interpellé, puis abandonné. Dans Requiem, le poète dédie à sa mère morte un chant qui lui permet d'accéder au "seuil des retrouvailles".

Postface de Claire Jaquier

Correspondance 1939-1976 (1993, domaine français)

Correspondance 1939-1976

Air de la solitude: extrait

La très haute grange parmi les prairies, avec son toit de tuiles fraîches où s’avivent les ciels d’été, l’âpre crépi des murs, le banc toujours vide entre deux portes fermées, ce Port-des-Prés tout pareil (on dirait) à d’autres granges perdues dans d’autres prairies, d’où vient que je retourne à lui sans cesse, comme si, hors des sables du réel, une oasis miraculeusement m’était donnée où triomphe enfin la toute-puissance du coeur ?

J’ai traversé les campagnes de septembre, salué les semeurs de seigle, les premiers semeurs de blé. Un laboureur bâillait dans le soleil, étirant contre les collines d’énormes bras fauves, un village à chaque poing. Le sentier vacillait comme une barque à travers le mouvant paysage livré aux vents, aux nuées, bizarrement battu de sourdes vagues d’ombre. Un autre laboureur m’a parlé comme on parle dans le sommeil, d’une voix précipitée et folle – la voix de mon ami perdu. C’était lui peut-être, car Port-des-Prés était tout proche où le Temps allait perdre son pouvoir… Voici le banc où je m’assieds sans rompre l’accueil des oiseaux : un rossignol des murailles, le pinson tombé du toit, une mésange qui meurtrit la poussière de mille griffes minuscules. La fontaine chante et perd haleine à chaque assaut du vent. Il y a une autre voix encore, celle du ruisseau sous les frênes comme une incantation monotone et profonde. Le temps s’endort. L’esprit s’endort. Ô présences, que tardez-vous donc à paraître ?