parution mai 2019
ISBN 978-2-88927-669-1
nb de pages 272
format du livre 140x210 mm

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Blaise Hofmann

La Fête

résumé

Lorsqu’en 2014, Blaise Hofmann est approché pour co-écrire la Fête des Vignerons 2019, il ignore tout de son histoire, de ses mythes, de la ferveur qu’elle exerce sur les gens depuis des siècles.

La curiosité l’emporte, le voilà catapulté dans l’univers de la Confrérie des Vignerons. Il invite le lecteur dans les coulisses de la Fête, raconte la gestation de cet événement unique au monde, patrimoine culturel immatériel de l’Unesco, qui n’a lieu que cinq fois par siècle, rassemble 400000 spectateurs, un millier de choristes, des centaines de musiciens, danseurs, gymnastes et 5000 figurants. 

Pendant quatre ans, Blaise Hofmann sera tour à tour intrigué, amusé, ému, furieux, perdu, passionné, épuisé, émerveillé. On découvre avec lui une communauté pétrie de traditions, des hommes et des femmes amoureux de la nature, de la terre. On suit le cycle des saisons et celui de la vigne. Et on accompagne l’auteur, touché au cœur, qui décide de reprendre une petite vigne familiale.

biographie

Né à Morges en 1978, Blaise Hofmann est l’auteur d'une dizaine de romans et récits de voyage. Il reçoit en 2008 pour Estive le Prix Nicolas-Bouvier au festival des Étonnants voyageurs de Saint-Malo. Ses derniers ouvrages sont Marquises (2014), Capucine (2015), Monde animal (2016), Deux petites maîtresses zen (2021) et Faire paysan (2023).. Chroniqueur dans divers journaux suisses romands, il écrit aussi régulièrement des pièces de théâtre et des livres jeunesse, dont Les Mystères de l’eau (2018) et Jour de Fête (2019). En 2019, il a été l'un des deux librettistes de la Fête des Vignerons.

24 heures

"Admirable". Grégoire Gonin

Le Temps

"Blaise Hofmann, librettiste de la célébration veveysanne, raconte à la première personne quatre années de recherches, de rencontres, d’écritures et de réécritures, de moments de joie et de découragement dans «La Fête». Une chronique passionnante."

Un article d’Antoine Duplan à lire en entier ici

L'Echo magazine

"Un livre qui donne une passionnante perspective à l’évènement. En racontant son long cheminement dans la Fête des Vignerons 2019, Hofmann décrit la gestation du spectacle et tout ce qui l’accompagne." Aude Pidoux

Migros Magazine

"Librettiste de la Fête des vignerons, avec le poète Stéphane Blok, l’écrivain-voyageur Blaise Hofmann publie trois ouvrages pour expliquer la genèse et l’esprit d’une manifestation à nulle autre pareille."

Une interview de Blaise Hofmann par Laurent Nicolet à lire en entier ici

La Gruyère

"(…) passionnante plongée dans les coulisses (…) le livre permet à la fois de se familiariser avec l’histoire de la Fête des vignerons, ses origines, ses développements et de découvrir de l’intérieur comment se met en place un tel spectacle. On y retrouve le regard acéré et l’indéfectible honnêteté de Blaise Hofmann." Eric Bulliard

RTS - La première

« Dans les yeux de Blaise Hofmann », un sujet de Lydia Gabor à écouter ici

Journal du Pays d'Enhaut

"« La Fête » est un livre dont on savoure les couleurs et les odeurs avec délectation. Une fois qu’on l’a commencé, on ne peut plus le lâcher." M.Z.

Swissinfo

"Son labeur, ses recherches historiques, ses joies, ses déceptions, ses rapports avec son «employeur» (…) Blaise les raconte dans un récit délicieux, «La Fête»."

Un article de Ghania Adamo à lire en entier ici

RTS - La première

« Un livre de confidences sur les coulisses de l’événement ».

Blaise Hofmann était l’invité de Linn Lévy dans l’émission Vertigo. A réécouter ici

RTS - Espace 2

Blaise Hofmann, invité dans l’émission "Babel". Un sujet de Davide Pesenti à réécouter ici

Terre & Nature

"C’est un réel plaisir de suivre [Blaise Hofmann] en coulisse lors des préparatifs de la Fête, et d’en apprendre les détails croustillants. (…) Il livre un passionnant regard d’historien sur les Fêtes passées." Claire Muller

La librairie francophone

"On assiste par les yeux de l’auteur à la lente maturation de la fête, comme si on y était." Dominique Bressou

Blaise Hofmann, invité sur le plateau de la librairie francophone. Une émission à revoir ici

Agri Hebdo

"Auteur d’une dizaine de romans et récits de voyage, Blaise Hofmann nous fait découvrir une communauté pétrie de traditions. Le lecteur suit le cycle des saisons et celui de la vigne et accompagne l’écrivain lorsqu’il décide de reprendre une petite vigne familiale." SP

RTS - Espace 2

"[Blaise Hofmann fait] entendre sa voix en nous racontant à la fois les péripéties de la première Fête du troisième millénaire et le chemin qu’il a parcouru, jusqu’à reprendre la vigne familiale, ce qui lui permet d’affirmer avoir réconcilié ses "origines terriennes et son métier d’écrivain".

Blaise Hofmann était l’invité d’Anik Schuin dans l’émission « Caractères ». A réécouter ici

Journal de Morges

"A quelques semaines du lever de rideau, Blaise Hofmann propose une mise en bouche qui ne manque pas de sel avec « La Fête », un livre d’une rare sincérité qui part de « l’entretien d’embauche » jusqu’à la remise des textes. (…) Ce voyage initiatique est tout simplement passionnant, truffé d’anecdotes." Cédric Jotterand

12h45 - RTS

Blaise Hofmann, invité de Viviane Gabriel sur le plateau du 12h45. Une émission à revoir ici

La Liberté

"Du premier e-mail reçu en 2014 jusqu’au seuil des répétitions, l’écrivain morgien plonge son lecteur dans les coulisses du spectacle en préparation. Aux premières loges, le romancier prend sa belle plume de journaliste, hyperréaliste et très documentée, en traversant ces années de création ponctuées de rencontres inspirantes et de sourdes déceptions."

Un article de Thierry Raboud à lire en entier ici

La Télé

« Dans les coulisses de La Fête » avec Blaise Hofmann, invité sur le plateau de La Télé. Regarder Le Mag en entier ici

Faire paysan (2024, Zoé poche)

Faire paysan

Entre le monde agricole et la population des villes, le dialogue semble rompu. On s’accuse mutuellement de ne rien connaître à la terre ou de l’empoisonner à coups de pesticide, et l’urgence climatique ne fait qu’envenimer la situation. Fils et petit-fils de paysans, devenu écrivain, Blaise Hofmann part à la rencontre de celles et ceux qui pratiquent encore le «plus vieux métier du monde». Le portrait qu’il en dresse, entre humour, tendresse et indignation, se lit comme une enquête sur notre époque.

Faire paysan

En ces temps de crise écologique, les paysans ont mauvaise presse. Le fossé se creuse entre eux, qu'on accuse d'empoisonner la terre, et une population urbaine qui aspire à une autre relation à la nature mais ne distingue pas un épi d'orge d'un épi de blé.
Lorsque Blaise Hofmann, fils et petit-fils de paysans, revient vivre à la campagne, il est le témoin direct de ces tensions. Lui qui a voyagé dans le monde entier part à la rencontre de celles et ceux qui, tout proches de lui, pratiquent encore le "plus vieux métier du monde", qui est "aussi le plus essentiel". Avec humour et tendresse, porté par une indignation grandissante, il emprunte les voies du reportage sur le terrain et d'une réflexion plus intime pour brosser le portrait d'un monde agricole qui se révèle, contre les idées reçues, en constante réinvention de lui-même.
 

Deux petites maîtresses zen

Japon, Cambodge, Laos, Birmanie, Thaïlande, Sri Lanka, Inde. En septembre 2019, l’écrivain-voyageur Blaise Hofmann s’en va sept mois en Asie, pour la première fois en famille. Ce sont de nouvelles contraintes, un temps constamment anticipé, des précautions, des routines, des frustrations ; c’est surtout l’émerveillement de voir le monde à quelques centimètres du sol, voyager lentement avec les yeux de deux petites filles qui sont à la maison où qu’elles se trouvent.

C’est l’occasion aussi de retrouver un continent standardisé, peuplé de gens comme lui, des touristes hypermodernes. Voici le récit d’un anti-héros faisant l’éloge de l’ennui, du détour. Blaise Hofmann livre un texte introspectif, aussi critique qu’ébloui, même quand un virus s’impose comme personnage principal de ce qui est peut-être le dernier récit de voyage d’avant la pandémie de Covid-19.

Fête des Vignerons 2019. Les poèmes

Depuis 1797, le temps d’un été par génération, la place du Marché de Vevey accueille la Fête des Vignerons et son spectacle. Voici le livret de l’édition 2019, écrit pour la première fois de son histoire à quatre mains.

Au fil des poèmes qui le constituent, on retrouve le cycle des saisons et la terre, les hommes et les femmes qui exercent les travaux de la vigne. À la manière d’une treille, ce texte entremêle le régional et l’universel, le traditionnel et le contemporain, le concret et l’onirique. Un éloge des sens, de la lenteur, du vivre ensemble, de la nature, du « repaysement ».

Carnets ferroviaires. Nouvelles transeuropéennes

Que ce soit de Lausanne à Paris, de Vienne à Genève ou de Glasgow à Londres, chacun des treize auteurs de ce recueil situe son histoire à bord d’un train qui parcourt l’Europe. À l’occasion d’un long trajet en chemin de fer, l’une se souvient de son voyage dix ans plus tôt, elle traque la différence entre son être d’hier et d’aujourd’hui. Un autre se remémore la géniale arnaque dont il a été l’auteur, un troisième retrace l’incroyable hold-up ferroviaire du South West Gang dans l’Angleterre de 1963.

Ces nouvelles donnent une vue d’ensemble inédite sur la manière de concevoir l’Europe comme espace physique et symbolique. Les auteurs étant de générations très diverses, le lecteur appréciera les différentes manières d’appréhender notre monde proche et de s’y situer.

Nouvelles de Aude Seigne, Blaise Hofmann, Anne-Sophie Subilia, Gemma Salem, Bruno Pellegrino, Arthur Brügger, Daniel Vuataz, Marie Gaulis, Fanny Wobmann, Catherine Lovey, Julie Guinand, Guy Poitry, Yves Rosset.

Préface de Daniel Maggetti, postface de François Cherix

Capucine (2015)

Capucine

Elle était l’un des modèles parisiens incontournables des années cinquante, puis l’actrice de Federico Fellini, Georges Cukor, Blake Edward, Joseph Mankiewicz. Elle a joué avec John Wayne, Woody Allen, Jane Fonda, Romy Schneider, Claudia Cardinale, Jean-Paul Belmondo, Alain Delon...

Qui se souvient encore de Capucine ?

Blaise Hofmann part sur ses traces. À Saumur, sous les bombes de la Deuxième Guerre. À Paris, sur les podiums de haute couture et dans les caves à jazz de Saint- Germain-des-Prés. À Los Angeles, dans les fabriques de stars hollywoodiennes. Enfin, à Lausanne, où Capucine passe ses trente dernières années, avant de se donner la mort, le 17 mars 1990.

Ce roman biographique est un conte de fée tragique, cruel et actuel. C’est aussi le récit d’une enquête, un travail de mémoire. 

 

Marquises (2014)

Marquises

 

Aux antipodes de l’Europe, voici les Marquises, une terre mythique, célébrée par Melville, Brel et Gauguin.

L’espace d’un hiver, Blaise Hofmann a parcouru les six îles habitées de l’archipel des Marquises. Et une île déserte.

Tour à tour bousculé, méditatif, ironique, emballé, il rend hommage à l’hospitalité des Marquisiens, à leur renouveau culturel. Il ne ferme toutefois pas les yeux sur les pick-up Toyota et les poulets aux hormones made in USA.

Blaise Hofmann fait le lien entre le passé de l’archipel et le quotidien d’aujourd’hui, il entremêle légendes insulaires, récits de navigateurs, comptes rendus de missionnaires, romans aventureux, correspondances de colons, presse locale, statuts Facebook et Tweeter. La nature y est aussi un personnage à part entière, une présence sensuelle.

C’est un carnet de route plein d’autodérision. Un regard empathique, curieux, critique et généreux sur ces îles du « bout du monde ».

 

 

 

Estive (poche) (2011, Zoé poche)

Estive (poche)

Le temps d’un été, Blaise Hofmann est devenu berger. Son troupeau, mille brebis, « mille machines à vie » imprévisibles, il a dû l’apprivoiser, tout comme le climat, la solitude et la nature. Reportage dans les Alpes et quête identitaire, Estive est surtout un véritable récit de voyage, manifeste sur le dépaysement à une heure de chez soi.

L'Assoiffée

Ce pourrait être un scénario de road movie, c’est le chemin choisi un beau matin par la narratrice qui décide d’une rupture dans sa vie, d’un départ sans objet ni moyens.

Dès lors un long ruban d’asphalte se déroule devant elle, les campagnes et les bourgs défilent comme un monde d’images tandis que les rencontres sont brèves, parfois rudes parfois douces. L’arrivée à Paris se transforme en un séjour d’une saison où gravitent, dans une ivresse de rencontres, des gueux, des amicaux, des indifférents, des malheureux, un monde où la narratrice pratique la témérité et la compassion. Puis elle largue les amarres de la ville pour se diriger vers l’océan, là où se dissolvent toutes les volontés.

D’une écriture incisive, souvent orale, l’auteur donne vie à une héroïne qui s’échappe de sa vie comme un électron échappe à son orbite pour gagner sa liberté.

Estive (2007)

Estive

«Que fait un troupeau lorsqu’il est formé ? Il se déforme. Il faut le reformer. Je pense beaucoup à toi, Sisyphe.»

Estive est un récit  où l’auteur romance un été de berger en charge d’un troupeau de moutons. Ce carnet de route dans une vallée alpine fait partager au lecteur, tout au long de rencontres inattendues, d’images poétiques et de réflexions philosophiques, le quotidien difficile des paysans et des bergers. Le livre n’est pas seulement un témoignage mais un «récit d’apprentissage».

Ce texte à l’écriture fragmentée, incisive et ironique, interpelle autant la dysneylandisation des Alpes que l’aspect devenu exotique des métiers ruraux de montagne.

 

Né en 1978, Blaise Hofmann a publié un récit de voyage en 2006, Billet aller simple.

La Fête: extrait

Transmettre la flamme

 

Ce message pour savoir si tu serais intéressé…

 

Dix-huit nœuds sud-est, la mer se forme lentement, il est temps de détacher le hamac tendu à la proue, suspendre l’annexe, désencombrer le cockpit, larguer les amarres et dire au revoir aux tortues de Tobago Cays. Nous voyant partir, le petit dealer d’herbe de l’archipel tente une dernière fois sa chance. On prend un ris, étarque la grande voile, remonte au près, bâbord amures.

 

à collaborer avec d’autres artistes…

 

Un pavillon suisse flotte en poupe. Après deux semaines de voile dans les petites Antilles - pilote automatique, ti-punch et voie lactée - on me dépose sur l’île de Bequia, terrain idéal pour avancer dans l’écriture de Marquises, un récit de voyage dont la sortie est annoncée dans cinq mois. Je passe ainsi mes journées dans une petite chambre louée au premier étage d’un lodge défraîchi de Port-Élisabeth. Ventilateur, moustiquaire et spirales d’encens. Si je sors un instant, c’est pour me baigner, courir ou aller boire une bière fraîche dans un bar avec wifi.

 

pour écrire…

 

Dans ma boîte aux lettres électronique m’attend le message d’un ancien collègue, enseignant de français au gymnase de Burier, près de Montreux. J’ai démissionné il y a quatre mois mais reçois encore fréquemment des nouvelles de la profession : choix d’une lecture commune, interdiction des voyages d'études, nouvelle filière d’école de commerce… Seulement voilà, ce courriel daté du 14 mai 2014 est signé Daniel Bovard, et Daniel Bovard n’est pas du style à parler pédagogie.

 

le livret de la Fête des Vignerons de 2019 ?

 

La Fête des Vignerons.

One more big beer, please !

En visitant le site internet de la Confrérie des Vignerons (la connexion est très lente), je réalise que lors de la célébration de 1977, je n’étais pas né. Et qu’en 1999, j’étais en voyage tout l’été, de l’Italie au Pakistan, en passant par l’Iran. J’avais 21 ans. J’étais farouchement anti-tradition, anti-folklore, antipatriote. Liberté et Patrie, et puis quoi encore ! La faute peut-être à quatre mois d’école de recrue qui n’avaient pas manqué de faire de moi un objecteur de conscience. La faute peut-être aussi à la Commission Bergier, aux fonds juifs en déshérence, à l’argent de Mobutu, à la Suisse de Christoph Blocher.

Le monde m’ouvrait les bras. Je ne faisais alors que lire, sortir et voyager. Je commençais à écrire. Mais si on m’avait dit alors que je rédigerai un jour les paroles des chants de la Fête des Vignerons, ce grand rassemblement poussiéreux et passéiste, cette résurgence d’un passé nationaliste, phallocrate et réactionnaire, cette vaudoiserie, cette ivrognerie, j’aurais ri.

En réalité, j’ignorais tout de la Fête ; elle ne faisait simplement pas partie de mon ADN.

Mes parents m’avaient davantage raconté La Fête des Vignerons de la Côte - à laquelle ils avaient participé lors d’une reprise - un spectacle créé en 1956 (en réaction à la Fête de 1955) par l’auteur Frank Jotterand et le metteur en scène Charles Apothéloz (qui dirigea la Fête de 1977). Cette Fête miniature raconte l’histoire du syndic d'un village qui rentre justement de la Fête des Vignerons au bras de sa femme, Georgette, et qui en a marre de ces « buveurs de vin sucré » (les vignerons de Lavaux). Il organise alors sa propre fête, et pour ce faire, hypothèque une vigne. Après moult péripéties, son spectacle connaît un immense succès… à la Côte.

 

Convocation le mardi 8 juillet 2014 à 9h au premier étage du « Château de la Confrérie des Vignerons » à Vevey. Cela tombe mal. Et pour une très mauvaise raison.

Tous les trois ans, mon village natal, Villars-sous-Yens, près de Morges, accueille durant le premier week-end de juillet une grande fête que l’on nomme simplement « Abbaye », et qui est en réalité une fête de tir.

Il faut imaginer, devant l’église, une « partie officielle » conclue par des coups de canon, un cortège endimanché, emmené par une fanfare en costume, un porte-drapeau, un Abbé-président concentré pour marcher au pas et une demi-douzaine de Rois du tirs portant sur leur tête souvent chenue une couronne de faux lauriers ; à leur bras, de trop jeunes Demoiselles d’honneur. Le protocole et l’horaire sont identiques depuis un siècle. Il faut imaginer, dans une grande cantine décorée de fanions verts et blancs, des adultes assis autour de grandes tables rectangulaires, appliqués à dévorer une tranche de langue de bœuf aux câpres accompagnée de son gratin de pommes de terre, boire du vin du village, chanter L’hymne vaudois, et tolérer d’interminables discours prononcés du haut d’un pupitre orné d’un drapeau suisse.

Enfant, j’adorais ces Abbayes, synonymes de carrousels et d’auto-tamponneuses. Puis est venue l’adolescence, les nouveaux amis, la ville, les études, les voyages, autant d’éléments qui m’ont tenu éloigné de cette tradition… jusqu’en 2011, année où l’on m’invitait à prononcer, sous la cantine, du haut d’un pupitre orné d’un drapeau suisse, justement, un discours.

 

Pour la première fois de ma vie, il y a une semaine, je suis allé tirer. Tirer pour de vrai, avec une arme de guerre, un fusil d’assaut made in Switzerland prévu pour des combats de guérilla, un produit proposé à l'exportation… mais je m’égare.

Pour la première fois de ma vie, samedi dernier, je suis allé tirer. J’ai garé devant la ferme de mes parents, en face de l’épicerie, ai continué à pied à travers vignes. Et là, foulant une prairie d’herbes folles, de fleurs bleues et d’insectes hyperactifs, bercé par le chant polyphonique des oiseaux, je me suis demandé si vider un chargeur de cartouches dans une cible au milieu de la forêt était vraiment la meilleure chose à faire pour occuper ce premier samedi ensoleillé de l’année…

Au moment de saluer les tireurs du stand, j’étais un peu dispersé. Voilà peut-être pourquoi j’ai tout fait de travers. J’ai donné du « bonjour » à ceux qui attendaient du « salut ! ». Et j’ai commandé une bouteille de rouge alors que tout le monde était « au blanc ».

Le fait est que mes huit misérables cartouches tirées à la va-vite ont eu bien moins d’impact que le plaisir de retrouvailles en rafale !

Si je vous raconte ainsi ma vie, c’est qu’il y a une raison.

En voyageant, je me suis toujours réjoui de revenir au pays. Le départ a toujours été aussi important que le retour. Aller voir ailleurs, c’est le meilleur moyen de prendre conscience de ce qui nous a fait partir - ce qu’on ne supporte plus ici - mais aussi de ce qui nous manque sur la route - ce dont on ne peut se passer et qui ne se trouve qu’ici.

Le voyageur se demandera forcément un jour de quoi est fait sa propre culture. D'où venons-nous ? Que sommes-nous ? Et où allons-nous ?

Il y a quelques années, le mot « tradition » commençait à mûrir dans ma bouche. Je prenais lentement conscience que l’on pouvait se dire libertaire et y être sensible. Que cette dernière sent parfois le renfermé et la régression, mais que c’est un pays supplémentaire, à portée de main, qui réunit les jeunes et les anciens d’une communauté, le passé et le futur d’une région.

Je réalisais qu’il ne faut pas laisser la tradition aux politiciens populistes. Ce patrimoine nous constitue, nous alimente, nous relie. C’est autant de passerelles entre les générations, entre les siècles. C’est du lien, du tissu social, et nous en manquons cruellement aujourd’hui.

Je suis maintenant tout à fait convaincu que ces huit cartouches gâchées n’étaient qu’un prétexte. L’odeur de la poudre ne vaudra jamais celle de la traditionnelle langue aux câpres. Une douille en laiton ne supplantera jamais un gobelet en étain.

Tout compte fait, ce genre d’événement est justement le meilleur moyen de ne plus jamais utiliser une arme pour autre chose que… tirer dans une cible.

À cette tradition qui nous lie !

Et à ce lien qui fait la tradition !