parution janvier 2021
ISBN 978-2-88927-876-3
nb de pages 128
format du livre 140 x 210 mm

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Bruno Pellegrino

Dans la ville provisoire

résumé

Au creux de l’hiver, un jeune homme s’installe dans une ville cernée par l’eau pour faire l’inventaire de l’œuvre d’une traductrice célèbre. Un ticket de supermarché enluminé de notes devient un document de même valeur qu’un manuscrit. Un tas d’habits sur le lit un indice aussi important que les piles de livres et de carnets. Dans un décor que floute l’omniprésence de l’eau, le jeune homme cherche à percevoir la voix de la traductrice, à se représenter son corps, jusqu’à emprunter ses gestes et ses pensées. Le processus d’allègement est inexorable et l’expérience devient vertigineuse. Ce roman baigné d’une lumière douce et trouble envoûte le lecteur grâce à une tension permanente, un secret.

biographie

Né en 1988, Bruno Pellegrino vit à Lausanne. Lauréat du Prix du jeune écrivain pour sa nouvelle «L'idiot du village» (Buchet/Chastel, 2011), il a publié quatre livres aux Éditions Zoé: Comme Atlas (2015), Là-bas, août est un mois d'automne (2018, qui remporte notamment le prix des Libraires Payot et le prix Écritures & Spiritualités), Dans la ville provisoire (2021, prix Michel-Dentan et prix Paysages écrits) et Tortues (2023). Bruno Pellegrino a été actif pendant dix ans au sein du collectif AJAR, auteur de Vivre près des tilleuls (Flammarion, 2016). Toujours chez Zoé, il co-écrit avec Aude Seigne et Daniel Vuataz les deux saisons de la série littéraire Stand-by (2018 et 2019) ainsi qu’un «roman de gare», Terre-des-Fins (2022).

Bruno Pellegrino, lauréat du prix Michel Dentan 2021 pour "Dans la ville provisoire"

Bruno Pellegrino, lauréat du prix « Paysages écrits » décerné par la Fondation Facim, pour "Dans la ville provisoire"

Bruno Pellegrino, lauréat du prix Bibliomedia 2022 pour "Dans la ville provisoire"

Libération

"Ainsi la voix de Bruno Pellegrino est-elle sûre, qui ne s’encombre pas d’effets inutiles, souple et sans trémolo, simplement belle. (…) Est-il question de montagne, dans ce court roman [Dans la ville provisoire] assez mystérieux, plein d’une grâce trouble, entêtante ? Pas vraiment, mais tout y est bien affaire de paysage et d’écriture, dans la façon qu’a le narrateur de saisir un monde a priori convenu, ici totalement réinventé : celui d’une Venise omniprésente mais non nommée, qui inspire de multiples variations sur les motifs de l’eau, "acqua alta" et brumes de l’âme… Il fallait un certain culot pour oser affronter un tel lieu commun et en faire un récit si parfaitement original, traversé pourtant de discrets souvenirs proustiens (…)." Fabrice Gabriel

La Libre Belgique

"Avec ce texte bref et magnétique, d’une écriture dépouillée et évocatrice, Bruno Pellegrino excelle à installer un climat tendu, distillant l’étrangeté à partir d’une situation apparemment anodine." Geneviève Simon

Le Monde

"Attentif à rendre visibles les plus infimes détails du monde infra-ordinaire mais aussi sa violence, Bruno Pellegrino maîtrise à merveille l’art du plan cinématographique. Certains sont hypnotiques, telle cette image d’un goéland tenant dans son bec « une chose grise, dodue, vivante, qui se débattait », puis, campé sur ses deux pattes, gobant le rat « avec des mouvements saccadés de dinosaure ». Ses travellings sont tout aussi fascinants, et même si l’on a déjà suivi d'un regard stupéfait l’un des paquebots monstres qui hantent la lagune, on reste sidéré devant celui qui, en un mouvement fellinien, déchire au ralenti, « comme un tissu », la pierre du quai. Une autre image encore imprime en nous la dérive de la robe argentée finalement abandonnée dans l’eau, « sereine et silencieuse (...) comme un grand poisson jamais répertorié ».

Roman d’atmosphère baigné par « une lueur d’aquarium », Dans la ville provisoire, entre les eaux du rêve et le gris terne du ciel, a la transparence énigmatique et les irisations des méduses. Son style fluide épouse l’évocation d’un monde liquéfié où flottent êtres et choses promis à la déliquescence mais qui, pareils à la robe d’écailles, ne coulent pas - pas encore - et se meuvent lentement « juste sous la surface »."

Un article de Camille Laurens à lire en entier ici

Le Temps

"Aussi Dans la ville provisoire, troisième roman de Bruno Pellegrino, ne montre-t-il la ville et le visiteur qu’à travers la métaphore liquide : pluie de janvier, sirènes annonçant l’acqua alta, baskets trempées, boutiques surélevées et une somptueuse scène onirique, fellinienne, le passage d’un paquebot sous l’orage, déchirant comme de la soie le bord d’un quai. (…)

C’est l’art de Pellegrino de rendre passionnants les infimes mouvements qui agitent la psyché du narrateur et les eaux de la lagune (...) On retrouve dans le troisième et elliptique roman, portée à la perfection, la finesse de l’évocation indirecte propre à l’auteur."

Un article d'Isabelle Rüf à lire en entier ici

GHI

"Le décor ajoute au mystère de cette histoire qui tient le lecteur en haleine comme cette petite musique qui caractérise les films à suspense. (…) La plume de Bruno Pellegrino, est à la fois fine, subtile et incroyablement délicate." Adélita Genoud

Revue Choisir

"Avec ce deuxième roman, le Suisse Bruno Pellegrino signe un récit envoûtant. Les mots, choisis avec un grand soin, pénètrent peu à peu l’esprit du lecteur pour ne plus le lâcher, au rythme des vagues poisseuses de la mer s’écoulant dans les rues et lézardant les murs. Dans une langue à la fois précise et fluide, charnelle et liquide, le romancier évoque le combat – perdu d’avance - contre l’oubli et la finitude à laquelle nos vies et nos œuvres, des plus petites aux plus grandes, sont vouées. Un vernis à ongle se dessèche, l’œuf pourrit dans le frigo, la traductrice finit ses jours dans un asile. Le sol tangue sous les pieds, un paquebot à la dérive défonce un quai, la ville retourne au marécage dont on l’a tirée. Tout n’est que passage, nous dit-il. En attendant, le plaisir éphémère mais bien réel que procure son roman métaphorique est à saisir !" Lucienne Bittar

EPIC Magazine

"EPIC OMOT part en voyage, avec Bruno Pellegrino, entre mémoire et marée."
Un entretien mené par Sarah Benninghoff à écouter ici

Allez savoir !

"Dans la ville provisoire, Bruno Pellegrino observe la manière dont le temps efface les choses, mais avec douceur, et sans tristesse. (...) Lire ce bref roman deux fois de suite permet d'apprécier la finesse de l'écriture de l'auteur et de découvrir les petites surprises nichées dans les paragraphes." DS

Livresuisse Magazine

"Sous la plume du jeune écrivain suisse, la Serenissima se mue en une ville provisoire, quasi sous-marine, submergée en permanence par l'acqua alta, effacée à moitié par le brouillard et la pluie. Une ville aquarelle, peinte à l'eau. (...) Le deuxième livre de Pellegrino fait résonner des tonalités à la fois sensuelles et sobres, doucement ironiques et graves." Thomas Hunkeler
 

Journal de la région de Cossonay

"Dans ce roman, un moment où il ne se passe rien est rempli d'une multitude de choses qui existent par le simple jeu du regard du narrateur sur tous les détails qu'il perçoit aux alentours. L'écriture a le pouvoir de nous transmuter dans le personnage principal et cette alchimie nous fait pénétrer dans sa vie, on ressent ce qu'il ressent. Fascinant." Pierre Sandro
 

Bon pour la tête

"Bruno Pellegrino réussit l'exploit de nous tenir en haleine avec 128 pages de description et le plus parfait anti-scénario qui soit, le témoignage d'un archiviste qui classe les papiers d'une traductrice. Deux métiers de fourmi dans l’ombre des écrivains. Et deux personnages qui ne se rencontrent jamais. Tout tient à la justesse de la langue, à la sensibilité du regard porté sur cette ville d'eau qui s'engloutit inexorablement."

Un article de Sabine Dormond à lire en entier ici

France Culture

Le message de Bruno Pellegrino pour « La Salle des Machines » est à réécouter ici (minute 55)

Vigousse

"Le véritable personnage principal du roman est Venise (qui n’est jamais nommée). Loin des clichés touristiques, la ville hors saison distille un spleen terrifiant, cependant que les grandes marées submergent tout. La capitale des amoureux se transforme en égout à ciel ouvert, en cimetière pourrissant où les humains sont de trop. (…) Pellegrino livre un texte fascinant qui, en mêlant montée des eaux due au réchauffement climatique et tragédie personnelle, hypnotise durablement." Stéphane Babey

Plume au vent

"L’auteur réussit à nous faire entrer dans cette ville, dans cette résidence, dans la demeure de l’absente et, finalement, dans cette eau trouble qui envahit tout. En fait, ce sont deux personnes qui flottent dans une seule, au cœur d’une ville inondée. Il faut une plume sensible, artistiquement médicale pour nous entrainer dans ce flou des lieux et des êtres."

Revue Études

"C’est dans la cuisine de son hôtesse fantôme que [le narrateur] procède au classement de ses nombreux papiers, carnets et livres. Au fil des jours et dans la solitude de sa propre existence flottante, le jeune homme lui imagine une vie en s’appropriant ses effets personnels. Or, le métier de la traductrice apparaît comme une activité similaire, qui redonne forme et convertit un monde déjà existant en superposant sa voix à celle des autres, imprimant une trace tangible et résistante à la fuite du temps, au délitement symbolisé ici par l’humidité envahissante.

Dans ce roman d’atmosphère poétique et subtil, le pittoresque est absent d’une Venise jamais nommée, qui semble vouée à l’engloutissement par les eaux, réduite à des rues boueuses et aqueuses jonchées de poissons morts, à des façades décrépites et des bâtiments abandonnés, où des relents lacustres participent au sentiment de pourrissement général. Même le recensement paraît vain, et la classification arbitraire de l’œuvre de l’inconnue inutile à la reconnaissance de sa vie déjà presque tombée dans l’oubli. Ce phénomène d’évaporation qui, par moments, menace aussi le héros est cependant compensé par des éclats lumineux : à mesure que la brume s’éloigne, la lumière le sauve du péril des eaux d’où il finira par renaître, in extremis." Aline Sirba

Quinzaines

"Tout comme son premier roman Là-bas, août est un mois d’automne, consacré au poète Gustave Roud et à sa sœur Madeleine, le deuxième livre de Pellegrino fait résonner des tonalités à la fois sensuelles et sobres, doucement ironiques et graves. Mais tandis que celui-là était placé sous le signe de la terre. Dans la ville provisoire est marqué par le leitmotiv de l’eau." Thomas Hunkeler

Terre et Nature

"Avec une écriture à la fois sèche, précise et évocatrice, Bruno Pellegrino séquence un récit teinté d’inquiétude en scènes métonymiques d’une netteté cinématographique, au réalisme presque onirique." Blaise Guignard

Viceversa Littérature

"Tout en taisant son nom, Bruno Pellegrino parvient paradoxalement à redonner sa substance à Venise, à nous la faire voir sous un autre jour. Son écriture, toujours minutieuse, élégante et souple, est en effet plus intuitive. On lui découvre un lâcher-prise qui rend sa prose plus immédiate et libre. Et sous sa plume originale, Venise, que l’on imagine volontiers rutilante de couleurs et de paillettes, se vêt plutôt de teintes ternes, gris pastel, comme si son image autrefois bigarrée avait été diluée par cette eau qui s’infiltre partout."

Une chronique de Lucie Tardin à lire en entier ici

L'Hebdo des notes bibliographiques

"Les odeurs, sons et éclairages, sont admirablement rendus. L’écriture est précise, concrète, très évocatrice, de plus en plus sensuelle et envoûtante. L’atmosphère aquatique culmine dans les scènes finales, oniriques dans la vision qu’en donne le narrateur, alors que la Sérénissime résiste une fois encore à l’aqua alta. Un récit intimiste dont on conserve longtemps l’empreinte forte." (T.R et S.H)

L'Echo Magazine

« Une lueur d’aquarium » baigne finement Dans la ville provisoire. Ce n’est pas du tout la lumière de la grande peinture vénitienne. Titien, passe ton chemin. Le portraitiste Giovan Battista Moroni s’est embourbé : les coloris de Bruno Pellegrino sont grisâtres, vaseux, marbrés de limon. Ses pinceaux se soucient des petits riens. Quelques détails.

(…)

[Le] livre [de Bruno Pellegrino] n’est pas submergé par les inconnues d’une existence engloutie dans la mort comme Venise est régulièrement inondée par l’Adriatique. Esquissé plus que dessiné, le portrait de cette absente est rendu présent par son évanescence. A la lisière d’un réalisme magique qui ne l’est finalement point, la traductrice se profile comme une créature insaisissable, un peu méduse, un peu sirène, surtout humaine. Son chant mourant ne nous emmène pas dans les tréfonds paralysants de la mer. Son souvenir ondoie entre plusieurs eaux. Il y a beaucoup d’humilité à accepter qu’on ne puisse pas tout savoir d’un être. Cette perception relève de ce que la littérature peut amener de plus sensible. Bruno Pellegrino l’est particulièrement." Thibaut Kaeser

Journal Moudon

"Venise, ville où l’eau s’écoule au rythme du temps. L’écrivain, dans son court récit, nous plonge dans une atmosphère mystérieuse, envoutante, irréelle. Un roman où les objets témoignent de l’absence. A travers ses lignes, Bruno Pellegrino tisse des liens avec les absents et notre imagination s’accroche à cette lumière à la recherche d’un secret perdu." Dany Schaer

Le Matin Dimanche

"Le narrateur se laisse envahir par la traductrice comme Venise se laisse envahir par l’acqua alta. Même mouvement lent, silencieux, presque doux. L’eau s’infiltre partout dans ce beau roman lui-même très fluide. Envahissement irrépressible. Catastrophe au ralenti qui donne à toute chose le goût du provisoire. L’eau, en inondant la ville, la ramène « au marécage dont on l’avait arrachée »." Michel Audétat

Maison de la Poésie (Paris)

« Du livre, il se dégage un mystère profond et délicat qui agit comme un envoûtement. »

Bruno Pellegrino, invité à la Maison de la Poésie. Une rencontre animée par Sophie Joubert à regarder ici

La Gruyère

"Trois ans après le somptueux Là-bas, août est un mois d’automne, le Vaudois Bruno Pellegrino confirme son talent plein de subtilité. Comme son précédent roman, Dans la ville provisoire est empli de silences, de traces de vie, de détails qui n’ont l’air de rien et qui disent tout. (…) On reste une nouvelle fois épaté par la justesse de l’écriture de Bruno Pellegrino. Pas un mot de trop, pas une phrase alambiquée, mais un sens de l’observation sans faille et une manière admirable de laisser la langue couler pour suggérer le mystère, pour créer le trouble à travers une apparente simplicité." Eric Bulliard

Le Courrier

"Dans la ville provisoire est porté par l’écriture poétique et sensuelle, attentive aux détails, aux odeurs, à la lumière, qui distinguait déjà Là-bas août est un mois d’automne. (…) Ce sont [les petits riens qui forment le tissu des jours] qui tiennent le récit, duquel nous restons captifs grâce au rythme et à la tension d’une prose ciselée et comme nimbée d’un mystère." Anne Pitteloud

L'Humanité

"Qu’est-il arrivé à la traductrice, atteinte d’une maladie dégénérative et enfermée dans une institution spécialisée ? Le jeune homme, qui d’autre part redoute la disparition prochaine de sa grand-mère, se coule peu à peu dans la tête et le corps de la traductrice, échafaudant les hypothèses les plus romanesques sur ses derniers instants dans sa maison. Bruno Pellegrino confirme son grand talent avec ce roman d’atmosphère qui fascine et inquiète." Sophie Joubert

RTS - La 1ère

"Dans son 3ème roman, baigné d’une lumière douce et trouble, le jeune auteur romand Bruno Pellegrino envoûte le lecteur grâce à une tension permanente, un secret."

Bruno Pellegrino était l’invité d’Anne-Laure Gannac dans l’émission « Vertigo ». à réécouter ici

24 heures

"Ce court récit intimiste dans une Venise épurée de ses clichés laisse une empreinte durable, par sa voix singulière et envoûtante. Une écriture qui, grâce à une acuité pour ce qui passe volontiers inaperçu, tisse à partir de détails très concrets des impressions et images fortes."

Un entretien de Bruno Pellegrino avec Caroline Rieder à lire en entier ici

La Liberté

"Les artistes, après tout, sont des gens comme les autres. Ils se brossent aussi les dents ; ils ont leurs rituels, leurs intérieurs, domestiquent le quotidien en gestes inlassables. Une empreinte d’intimité que se plaît à dessiner Bruno Pellegrino, peintre d’atmosphères habile à se glisser dans les coulisses de la création, derrière les paravents de l’atelier, là où le réel s’impose en amalgame de petits riens. (…) Écrire, décrire, c’est préserver de l’engloutissement. Bruno Pellegrino le fait en trempant, comme à son habitude, ses fins pinceaux dans la sobriété. Sa méticulosité se double d’une grande force d’évocation où les symboles s’entrelacent pour tenir la trame du récit. Et la robe de l’absente, comme une sirène répondant aux sirènes, d’ondoyer enfin entre deux eaux, en souvenir d’une présence." Thierry Raboud

Revue Aimer Lire (Payot Libraire)

"À Venise, ville suspendue au niveau de la mer, le temps s’écoule différemment qu’ailleurs. Le narrateur, chargé d’inventorier les papiers d’une traductrice émérite, se juxtapose peu à peu à cette femme par une expérience intérieure vertigineuse. Un cadre rendu incertain par l’eau omniprésente et une écriture sensorielle étonnante." Aurélie Sonnay, Payot Lausanne

RTS - Culture

"Une histoire intuitive, organique ou rien n’est permanent. Des liens tissés d’absence."

Bruno Pellegrino était l’invité de Linn Levy pour la newsletter « QWERTZ », une émission à réécouter ici

RTS - Couleur 3

Bruno Pellegrino était l’invité d’Ellen Ichters dans « Le Freak ! », une émission à réécouter ici

Daily Passions

"Nous sommes dans une histoire qui, pour moi, traite du « désabusement ». Qui montre que malgré tout ce que nous pourrons/pouvons faire, il nous sera impossible de pénétrer la vie des autres. Que seule notre imagination peut nous en approcher. (…) Il me semble que lorsqu’on referme le livre l’image [du narrateur] se confond enfin avec celle de la traductrice."

Un article de Noé Gaillard à lire en entier ici

Livres Hebdo

"Dans la ville provisoire est une histoire d’infiltration, de submersion lente. Un roman d’imprégnation où les maisons même désertées, les objets les plus triviaux de la vie matérielle témoignent silencieusement en l’absence de leurs propriétaires. Où les lieux sont des âmes. Une maison, celle du poète et photographe Gustave Roud et de sa sœur Madeleine dans la campagne romande, était déjà un personnage à part entière de Là-bas, août est un mois d’automne (Zoé, 2018), le premier roman de ce jeune écrivain infiniment délicat, capable de rendre hypnotique le ballet d’une robe de soirée virevoltant derrière le hublot d’une machine à laver dans une buanderie collective." Véronique Rossignol

Chapitre 8

"Si vous aimez Venise l'hiver, laissez-vous emporter par la belle écriture de Bruno Pellegrino, sur les traces d'un jeune homme qui s'installe dans la ville pour faire l'inventaire de l'oeuvre d'une traductrice célèbre. Envoûtant !"

Atout livre

"Bruno Pellegrino est le maître des ambiances. Ici, une douce quête qui peu à peu nous enivre, une ville qui vous happe et la furieuse impression de se tenir devant un grand écrivain !"

Henri IV

"L'auteur nous emporte au fil de sa plume dans un flot de pages envoûtant. Laissez-vous submerger par ce roman troublant dans lequel la tension monte peu à peu, comme l'eau dans la ville provisoire..." Alexis

Livre aux trésors

"Lire Dans la ville provisoire serait comme traverser un épais nuage de brume, on ne sait pas trop vers où l'on se dirige ni quand on ressortira. Seule certitude: la ville dans laquelle nous sommes plongé-e-s est bien celle de Venise, envoûtante et mystérieuse, mythique et fragile à la fois. (...) On avance dans le texte à l'aveugle, mais avec un réel plaisir, bercé-e par le temps qui passe et par la ville qui semble peu à peu (s')engloutir sous nos yeux. Peut-être n'est-il question que de cela d'ailleurs, du temps déjà révolu, de ce qui se présente à nous pour se métamorphoser et disparaître ensuite. Un court et beau roman habilement ficelé, qui éveille plusieurs de nos sens et joue avec nos repères. On lâche prise et on se laisse emporter, pour une lecture aussi subtile qu'intrigante." Julie Fraiture

 

La Liseuse

"Le traducteur d'une traductrice. Une écriture sublime." Françoise Berclaz

nouvelles pages

"Bruno Pellegrino nous prend par la main pour parcourir cette ville d’eau et d’îles dans une ambiance digne de Thomas Mann. Très beau livre."

Arbre à lettres Bastille

"L'écriture de Bruno Pellegrino cisèle avec grâce et délicatesse les atmosphères et les personnages." Laura Picro

L'éternel retour

"Le narrateur traverse une ville constamment noyée et humide au même rythme qu’il découvre la vie de la traductrice dont il inventorie les affaires. Il apprivoise ces deux inconnues aussi sobres, grises et belles à travers les moindres détails. L’eau accompagne notre personnage tout au long du roman. C’est d’ailleurs la seule à avoir un nom puisque l’homme, la ville et la traductrice en sont dépourvus. Un récit qui nous prouve que même au sein de ce qui nous semble être de banals quotidiens, il existe une part de mystère pour autrui." Emma Bouman

Nordest

"Dans une ville énigmatique, comme provisoire, notre héros erre sur les traces d'une traductrice disparue. Une écriture pleine de grâce et de simplicité pour une lecture juste magnétique."

Greenwich

"Bel exercice de style de Bruno Pellegrino dans sa construction d’un monde incertain au bord de la submersion." Hervé Guillerme

Le Merle Moqueur

"Un texte au rythme finement ciselé, calme et limpide, auquel il s'agit de faire confiance et de donner la main, auquel s'abandonner pour en ressortir zen et apaisé." Cyrille Henry

Expression

"Une belle parenthèse hors du temps" Coline Chardon

Payot Cornavin

"Une ville en partie inondée, une traductrice disparue, un étudiant naufragé… C’est dans une ambiance de torpeur moite et néanmoins lumineuse que nous emporte l’auteur. Les sensations sont feutrées, le temps semble s’éterniser. Bruno Pellegrino, auteur du génial Là-bas, août est un mois d’automne (prix des libraires Payot 2018), récidive et nous fait passer un moment en suspension, entre rêve et désillusions, dans ce roman court et saisissant !" Marion Renoul

Ombres blanches

"Dans la ville provisoire est un roman très attachant sur les choses minuscules qui s'attachent à nos pas, Bruno Pellegrino les écrit avec la simplicité, la précision et cette poésie à la manière d'un Robert Walser qui lui correspond à merveille." Nicolas Vivès

Les Beaux Titres

"C'est un roman teinté à la couleur de la ville qui en est le sujet. De gris clairs et mystérieux. Le narrateur apprend à se reconnaître dans cette ville où il doit s'installer pour quelques mois. Mais s'il s'y reconnaît, pourra-t-il jamais vraiment le connaître, ce paysage qui change si souvent de visage? Le tout est de ne pas se laisser submerger par cette Aqua Alta". Margaux Amici

Millepages

"Ce petit prodige de littérature ne rentre dans aucune case et c'est heureux. La Venise sans apprêts, sorte de fêtarde démaquillée par les embruns que célèbre l'écrivain n'en est que plus émouvante et énigmatique. Quant à l'écriture, elle nous donne autant à sentir qu'à toucher et à penser cet univers flottant et brumeux, proche de l'engloutissement. Et nous voila absorbé.es comme dans les remous d'un rêve étrange dont on peine à se réveiller." Pascal Thuot

Arbre à lettres Bastille

"Une Venise engloutie sublimée par l'écriture de Bruno Pellegrino qui cisèle avec la grâce et la délicatesse d'un orfèvre les atmosphères et paysages où le minéral et le liquide se fondent. Superbe!" Laura Picro

Le Divan

"Bruno Pellegrino explore avec grâce la thématique de l'oubli dans ce roman mystérieux à l'ambiance délicieusement étrange. Une plume remarquable ! Sublime !" Lucie Lisant

La Passerelle

« J’ai apprécié cette douceur un peu glauque et ce flou qui s’infiltre partout. Cela évoque Le Rivage des Syrtes de Gracq et l’écriture est belle. » Valérie

Le Pied à terre

"Voilà un court roman particulièrement envoûtant, et Venise comme un rêve, d’apocalypse marine... Une vanité en forme de ville légendaire, pour ce qu’elle est, précaire, cernée par les eaux, et vouée au souvenir." Lucie Eple

Payot Cornavin

"C'est un livre dont l'atmosphère m'a saisie dès les premières lignes. Un livre qui éveille tous nos sens, très visuel. Je me voyais dans l'eau, cette eau si présente. (...)Merci pour cette lecture qui m'a emmenée loin de nos soucis pour quelques heures et qui s'est ancrée en moi pour longtemps." Christine

Allemand

Titre: Dans la ville provisoire

Éditeur: Verlag die Brotsuppe
Année: 2021

Portugais

Éditeur: Editora Nos
Année: 2021

Tortues (2023)

Tortues

Enfant, le dimanche, Bruno Pellegrino se réveille tôt: il lui faut vider et reclasser son bureau. Dans le tiroir du bas: les objets à sauver le jour où la maison brûlera. Devenu adulte, il cherche toujours une issue entre la hantise de perdre et l'obsession de s'alléger, qu'il trie les archives d'une écrivaine décédée, se lance sur la piste d'une poétesse inconnue ou cherche à fixer un souvenir d'enfance. Des pages lumineuses sur notre besoin de conserver et le bonheur de lâcher du lest.

Terre-des-Fins

Terre-des-Fins est une ville minière sur le déclin, un terminus du monde uniquement accessible par le rail. Liv, une jeune femme graffeuse, délinquante à ses heures, y voit débarquer Sora, une ambitieuse fille de la capitale, qui vient chercher en urgence l'œuvre d’un artiste. Liv se retrouve à servir de guide à la jeune citadine, dont le souhait le plus cher est de rencontrer cet artiste qu’elle vénère tant. Un récit d’émancipation sauvage et intime sous des allures de roman de gare.

Daniel Vuataz, Aude Seigne et Bruno Pellegrino écrivent à six mains depuis la série littéraire Stand-by. Ensemble, ils ont créé une écriture qui conjugue vitesse, observation et amour de la narration.

Là-bas, août est un mois d'automne

Elle se passionne pour la conquête spatiale, prépare des gâteaux légendaires, tient le ménage. Poète, lui s’efforce d’inventorier le monde et ce qui va disparaître. Madeleine et Gustave ont toujours vécu sous le même toit. À les voir, on pense à deux chouettes endormies qui se shooteraient au thé. Ou à d'étranges adeptes d’une existence lente et régulière, passée dans une maison où il y a plus de tiroirs que de jours dans l'année.

Grâce à une écriture contemporaine, attentive à la lumière et au presque rien, Bruno Pellegrino réussit à nous rapprocher de ses personnages au point de nous propulser dans leur monde : une véritable expérience sensorielle.

Stand-by - saison 2 (2019, Stand-by. Le feuilleton littéraire)

Stand-by - saison 2

Trois adolescents en cavale avec une journaliste quadragénaire lancée dans une quête mystique en Italie. Un médecin napolitain fraîchement diplômé, sur le point de mourir au Groenland, dans une base militaire abandonnée. Une jeune femme qui écume New York pour retrouver son ex-petite amie disparue. Chacun doit se frayer un chemin dans un monde profondément bouleversé par l’éruption d’un supervolcan qui, après avoir paralysé l’espace aérien européen, est en train de faire chuter la température sur toute la planète.

Une Italie post-apocalyptique, une Europe plongée dans l’écologie totalitaire, des États-Unis où le slogan « Make America White Again » est devenu la norme : voici la saison 2 du feuilleton littéraire Stand-by, à lire indépendamment ou à la suite de la première saison.

Langue précise et sensible, atmosphères et personnages au plus proche du monde d’aujourd’hui, Stand-by, écrit à six mains par Bruno Pellegrino, Aude Seigne et Daniel Vuataz, réconcilie littérature et séries télé.

Stand-by - l'intégrale de la saison 1 (2019, Stand-by. Le feuilleton littéraire)

Stand-by - l'intégrale de la saison 1

Suite à une éruption sans précédent à Naples, toute l’Europe se retrouve paralysée sous les cendres.

Sur le point de s’envoler de Paris pour New York, la journaliste Alix Franzen est contrainte de revoir ses plans. Nora, Vasko et Virgile, trois adolescents en vacances dans les Balkans, se retrouvent sans adultes et découvrent l’indépendance, grisante et inquiétante. Au Groenland, une équipe de jeunes Européens en mission climatique reste bloquée, loin de tout secours.

Au fil des premières heures qui suivent cette apocalypse volcanique, chacun va devoir s’en remettre à ses ressources personnelles pour affronter la réalité d’un monde nouveau.

Langue précise et sensible, atmosphères et personnages au plus proche du monde d’aujourd’hui : écrit à six mains par Bruno Pellegrino, Aude Seigne et Daniel Vuataz, le feuilleton Stand-by réconcilie littérature et séries télé. Voici la version intégrale de la première saison, récompensée en 2018 par le prix de la relève de la Fondation vaudoise pour la culture.

Stand-by 4/4 (2018, Stand-by. Le feuilleton littéraire)

Stand-by 4/4

Une semaine après l’éruption du supervolcan près de Naples, Alix a décidé de gagner l’épicentre du cataclysme : un périple dans une Italie apocalyptique.

Au Groenland, les Green Teens restés au camp de base sont tirés d’affaire, mais il faut retrouver les autres, disparus dans la tempête alors qu’ils étaient partis chercher de l’aide.

À Podgorica, Virgile, Nora et Vasko découvrent in extremis l’horrible secret d’Aden. En fuite après avoir laissé un corps inanimé, ils plongent dans l’excitation et la paranoïa, tandis que leur road trip balkanique se transforme en une course-poursuite infernale.

Le temps accélère, les actions se densifient : pas de happy end artificiel pour ce dernier épisode, mais un feu d’artifice qui clôt en beauté cette première saison de Stand-by.

Dessins de Frédéric Pajak

Comme Atlas (2018, Zoé poche)

Comme Atlas

Comme Atlas est un petit précis de jalousie. D'Antananarivo à Tokyo, de Moscou à Pékin, la lente rupture amoureuse y prend la forme d’un voyage empreint par l’intuition que quelque chose se termine. Il en ressort ainsi une géographie particulière, où la précision et le rythme de l’écriture font que tout sonne juste, terriblement juste.

« Une histoire d’amour mélancolique, deux voyages, une rupture. On pense avoir lu ça cent fois, et puis non, les qualités du livre transcendent ce que l’histoire pourrait véhiculer comme clichés. » Isabelle Rüf, Le Temps.

Comme Atlas a été publié en 2015 aux éditions Tind sous le titre de Atlas nègre.

Stand-by 3/4 (2018, Stand-by. Le feuilleton littéraire)

Stand-by 3/4

Au Groenland, la neige engloutit les repères, tandis que les cendres commencent de voiler le ciel français. Sur les paysages monténégrins, les pluies acides laissent des sillons noirs.

Le supervolcan « crache, depuis des jours, des milliers d’années de roches patiemment mitonnées », et les protagonistes de Stand-by sont confrontés à de nouvelles réalités : l’oncle Aden a du sang sur les mains ; la mort frappe les Green Teens ; Alix n’est plus seule sur la route.

Dessins de Frédéric Pajak

 

Stand-by 2/4 (2018, Stand-by. Le feuilleton littéraire)

Stand-by 2/4

Un Groenland progressivement hostile, un Monténégro sous les cendres, une campagne française inquiétante et déserte : le décor de Stand-by est planté, place à l’action !

Alix a quitté Paris et entame une longue marche à travers la France, bravant les risques que peut courir une jeune femme isolée en pleine campagne.

Nora, Vasko et Virgile décident de partir pour Podgorica, où Vasko est attendu pour l’ouverture du testament de son père. Ils seront accueillis par l’oncle Aden, l’étrange frère du défunt.

Quant aux Greens Teens, ils sont condamnés à espérer un avion qui ne vient pas. Mais c’est sans compter un nouvel accident tragique qui va transformer leur attente en enfer.

Dessins de Frédéric Pajak

 

Stand-by 1/4 (2018, Stand-by. Le feuilleton littéraire)

Stand-by 1/4

Lorsqu’un volcan dans la région de Naples entre en éruption, un prodigieux nuage de cendres paralyse progressivement l’Europe, clouant les avions au sol et brouillant les communications. Sur le point de s’envoler pour New York depuis Paris, Alix Franzen doit revoir ses plans. Au Monténégro, Nora, Vasko et Virgile, trois adolescents, se retrouvent sans adultes et découvrent l’indépendance, grisante et inquiétante. Au même moment, les Green Teens – une équipe de jeunes Européens qui accomplissent leur Service climatique obligatoire – reste bloquée au cœur du Groenland, loin de tout secours.

Voici le récit des premières vingt-quatre heures qui suivent l’éruption.

Dessins de Frédéric Pajak

 

Là-bas, août est un mois d'automne

Voici un éloge de la lenteur et de la liberté, un roman sur un frère et une sœur qui vivent depuis toujours sous le même toit et qui ont conclu ensemble un pacte tacite. Madeleine fume le cigare, se passionne pour la conquête spatiale, tient le ménage de la maison et, surtout, protège son frère. Gustave, lui, s’acharne à inventorier le monde et ce qui va disparaître, en marchant, photographiant, écrivant. C’est que la paysannerie se transforme, ses rituels et ses objets aussi, et, avec eux, la nature.

Bruno Pellegrino saisit avec talent ce couple frère-sœur et le cocon qu’ils ont tissé au creux de leur environnement, entre autarcie et symbiose. Le rythme qu’il insuffle à ses phrases nous projette dans un monde bruissant de couleurs et de sensations, l’univers rural des années 1960, si proche car revisité avec les mots du XXIe siècle .

Ce premier roman s'inspire librement de la vie du poète Gustave Roud et de sa sœur Madeleine.

 

Laudatio de Michel Audétat à l'occasion de la remise du prix Alice Rivaz (novembre 2018)

"Peut-être ne se sont-elles jamais rencontrées. Que savait Alice Rivaz de Madeleine, la sœur du poète Gustave Roud? Que pouvaient-elles avoir en commun, l’une dans son bureau du BIT rempli des rumeurs du monde et du crépitement des dactylos, l’autre dans sa campagne vaudoise où le temps de l’histoire ne faisait pas oublier le temps des saisons? Refusant d’occuper la place qui lui était assignée, Alice Rivaz s’est insurgée contre la condition imposée à son genre. Elle a rompu. Elle s’est séparée d’elle-même, de son destin de «bonne petite», bousculant ainsi l’ordre des choses selon lequel il était mal vu qu’une femme se mêlât d’écrire des livres.

Comme Madeleine semble loin d’elle… On la voit, sur la couverture du roman, qui se découpe dans le cadre d’une fenêtre, la tête un peu penchée, le regard brouillé par l’ombre du chapeau. Mystérieuse Madeleine. Que sait-on d’elle qui vécut toute sa vie sous le même toit que son frère? Si peu de chose. Elle a été «la discrète». Non pas celle qui s’affirme, comme Alice Rivaz, mais celle qui s’éclipse, qui s’efface. Présence indéfectible mais devenue transparente, Madeleine n’est généralement pour les lecteurs de Gustave Roud qu’un détail dans un coin du tableau.

Le roman de Bruno Pellegrino nous encourage à réduire l’écart entre ces deux femmes. Il nous présente une Madeleine dont la discrétion ne serait nullement le corollaire d’une servitude. On retient plutôt l’image d’une force qui va. Veiller sur son frère cadet n’est pas un devoir auquel elle consent, mais l’exercice d’une tendresse quotidienne et ferme. Quand, pour un rien ou un presque rien, Gustave s’inquiète, s’alarme ou se met à blêmir, Madeleine prend les choses en main en étant sans doute la seule personne au monde capable de lancer à ce poète de frère: «Quel cirque tu fais, des fois, mon vieux Gustave…»

«C’était le moment!», se dit-elle aussi en 1971, le jour où les hommes de ce pays ont fini par accorder le droit de vote aux femmes. Peut-être aurait-il suffi d’une minuscule inflexion, à l’âge de vingt ans, pour que la vie de Madeleine prenne une direction inattendue. Bruno Pellegrino s’autorise à l’imaginer: «Si, comme Marion, elle était partie en Angleterre à ce moment-là, elle en serait revenue changée, renforcée, suffragette peut-être.» Entre Alice et Madeleine, des liens semblent se tisser d’eux-mêmes. On peut se les représenter comme deux fugitives, la première échappée de sa cage, la seconde rescapée de l’oubli grâce ce magnifique roman qui lui redonne vie. Ce soir, le jury du Prix Alice Rivaz est ravi de pouvoir rapprocher ces deux femmes.

Sur la quatrième de couverture, on lit que «ce roman s’inspire librement de la vie du poète Gustave Roud». Je crois qu’il faut insister sur le mot «librement» en précisant une chose: l’auteur fait partie d’un groupe de chercheurs qui travaillent à l’édition des «Œuvres complètes» de Gustave Roud, sous la direction de Claire Jaquier et de Daniel Maggetti. Bruno Pellegrino connaît donc parfaitement l’édifice de ces écrits, jusque dans les sous-sols des textes inédits dont il a glissé quelques phrases dans son propre roman. Le jury du Prix Alice Rivaz avoue n’y avoir vu que du feu.

Une telle connaissance de Gustave Roud aurait pu intimider le romancier. Ou l’encombrer. Au pire lui donner des semelles de plomb. On s’aperçoit au contraire que l’érudition ne pèse nulle part dans le flux de cette prose limpide et souple, à la fois vive et portée par le lent mouvement des jours, des saisons et des années qui s’en vont. Le titre du roman suggère lui-même un double mouvement de fuite. Dans l’espace: «Là-bas». Et dans le temps: «Août est un mois d’automne».

Ainsi, à partir de Gustave Roud, Bruno Pellegrino a inventé le personnage si touchant de Gustave. Le second a conquis sa liberté par rapport au premier et on ne peut que s’en réjouir: je suis convaincu qu’il existe, à Madagascar, Moscou ou Tokyo, des lecteurs qui, sans rien connaître de Gustave Roud, se sentiraient comme chez eux en ouvrant ce livre où un homme de 65 ans se tient dans son jardin, penché sur des fleurs de septembre. Le roman débute là où finit le «Candide» de Voltaire, dans ce jardin qu’il faut cultiver.

Bruno Pellegrino n’a pas écrit ce qu’on appelle un «roman biographique» et il tient à ce que le lecteur s’en aperçoive. À plusieurs reprises, un «je» s’immisce dans le récit, passe la tête dans le petit monde de Gustave et de Madeleine. Il rappelle qu’il est seul maître à bord, libre d’imaginer ici que Madeleine ne ferme pas ses volets, là que Gustave utilise des post-it… «Et pourquoi pas?», demande ce narrateur qui n’est pas dépourvu d’humour : «Il a bien le droit, pour une fois, d’être un peu en avance sur son temps.» Qu’on se rassure toutefois, cet anachronisme est le seul: Gustave ne surfe pas sur le net.

Ce roman, il faut plutôt le lire comme l’histoire d’un frère, d’une sœur et de la maison qui les abrite, puis qui leur survivra. L’auteur va de Gustave à Madeleine, de Madeleine à Gustave, distribuant son attention de façon égale entre l’un et l’autre, imprimant ainsi au roman le rythme régulier et lent d’une pendule à long balancier. Dix années s’écoulent au fil des chapitres, de 1962 à 1972.

Les gestes qui font cette vie commune sont décrits avec minutie. Ce sont souvent des gestes ordinaires. Il nettoie le jardin, pelle la neige. Elle balaie, récure, prépare des gâteaux au résiné. Mais on sent bien, à chaque page, que ces gestes ne sont pas que des mouvements de surface. Ils racontent au contraire l’essentiel: la création d’un monde partagé où le frère et la sœur s’accordent. Pour définir ce roman, je songe au mot inventé par Charles Dantzig dans son formidable «Traité des gestes»: ce pourrait être un «gestuaire», comme il existe des bestiaires.

Parfois, les gestes de Madeleine et de Gustave sont identiques. Chaque matin, chacun dans sa chambre, ils font leur lit de la même manière, secouant le duvet, tapotant l’oreiller. Et quand ils prennent le thé, ils accomplissent les mêmes gestes «vastes et tranquilles» qui viennent de loin: ceux, je cite, «des parents et des tantes, perpétués dans le calme de la chambre basse». Plus souvent, leurs gestes se répondent ou se démarquent. Il se penche sur ses notes et ses carnets; elle lève les yeux vers le ciel où croisent désormais les vaisseaux de l’épopée spatiale qui la fascine. On dirait un ballet: le roman est composé avec un art de chorégraphe.

Il y a aussi les gestes rares ou empêchés de la tendresse: quand elle marche près de son frère, Madeleine n’ose pas prendre son bras; cela ne se fait pas dans leur famille. Ou encore des gestes oubliés, perdus, disparus des campagnes, comme ceux des faucheurs dont les fléaux au chômage se folklorisent en décorant les fermes rénovées.

Et puis il y a la marche, ce mouvement du corps lancé sur les chemins, parfois jusqu’aux limites de l’épuisement. Gustave est un poète errant qui arpente son petit royaume de champs, de forêts, de ruisseaux, de lumières toujours changeantes. Je cite Bruno Pellegrino: «Il refait en boucle les mêmes découvertes, revient sans se lasser aux mêmes vieux paysages dont il documente patiemment la métamorphose.» Dans ces marches-là, comme dans le titre du roman, le mouvement dans le temps se superpose au mouvement dans l’espace. Gustave est ici un homme qui passe; le frère de Madeleine est ce passant magnifique qui nous inspire, à nous aussi, un sentiment fraternel. Car la langue nous trompe en nous faisant dire que le temps passe; c’est bien sûr nous qui passons.

Comme Gustave Roud, Bruno Pellegrino est sensible à ce qui se défait, se délite, s’effrite, va à son terme. Son précédent et premier livre, récemment réédité sous le titre «Comme Atlas», se présente comme la cartographie d’une rupture amoureuse à partir de deux voyages. Le premier à Madagascar où le narrateur part seul. Le second en train et en couple vers Moscou, Pékin, Tokyo. Miné par la jalousie du narrateur, leur amour se défait sur fond de paysages décrépits et sous le régime de l’interconnexion numérique: Facebook n’est pas pour rien dans ce naufrage amoureux.

«Comme Atlas» baigne en effet dans cette forme particulière de présence au monde à laquelle les nouvelles technologies nous ont acclimatés. On part, mais en gardant un pied dans le monde que l’on quitte. On se lance à travers les continents, mais l’instantanéité du numérique abolit les distances. Est-il d’ailleurs encore bien nécessaire d’aller vers le monde puisque l’écran permet au monde de venir à nous? Dans ce premier livre se profile une question à laquelle le second fait écho: comment habiter le monde?

En passant d’un livre à l’autre, Bruno Pellegrino a imité le Candide de Voltaire: il a quitté l’horizon mondialisé pour le modeste jardin où poussent le lys, la verveine, le pavot et les massifs de zinnias. Plus loin dans le roman, il est aussi question d’héliotropes, d’épilobes, de sainfoin, d’esparcettes, d’ancolies… C’est une fête végétale devant laquelle le narrateur lui-même reste songeur. Avant de conclure, j’aimerais citer ce très beau passage où il se confie:

«Quand je lève les yeux, je vois simplement des arbres, là où Gustave et Madeleine voyaient des tilleuls, des aulnes, des acacias, des érables. J’écris sur des gens qui étaient capables de nommer les choses, les fleurs et les bêtes, alors que j’ai besoin d’une application sur mon téléphone qui identifie les oiseaux par leur chant, les plantes par la forme de leurs feuilles, et je dois vérifier sur des sites de jardinage la période de semaison du blé et de floraison des cyclamens. C’est peut-être ce qui me fascine chez ces deux-là, leur manière lente et savante d’éprouver l’épaisseur des jours.»

Bruno Pellegrino s’est donc écarté du monde qui va à la vitesse de la lumière pour visiter cet autre monde de gestes lents et de longs crépuscules. Cela m’a rappelé un livre de Paul Virilio que j’avais lu jadis plutôt que naguère: «Vitesse et politique». En 1977, ce penseur aux accents prophétiques publiait ces mots qui semblent aujourd’hui plus pertinents encore qu’à l’époque où ils ont été écrits: «La vitesse c’est la vieillesse du monde. Emportés par sa violence nous n’allons nulle part, nous nous contentons de partir et nous départir du vif au profit du vide de la rapidité.» Le roman de Bruno Pellegrino porte, en creux, cette inquiétude sur la forme de présence au monde dont la vitesse nous prive. À sa manière très personnelle et avec des préoccupations d’aujourd’hui, il a écrit sa propre «Campagne perdue».

J’aimerais terminer en citant la première phrase du roman qui pourrait avoir une tonalité presque ironique: «Le temps des digitales est fini.» En l’occurrence, le mot «digitale» ne renvoie pas au numérique mais au végétal: il désigne ici une plante aux fleurs douces et toxiques que Gustave, enfant, enfilait peut-être sur ses doigts comme un gant. D’où la très belle image qui illumine ce début de livre: «Je le vois, enfant, les doigts vêtus de fleurs», écrit Bruno Pellegrino. Et c’est pour nous l’occasion d’ajouter que le Prix Alice Rivaz lui va également comme un gant."

Dans la ville provisoire: extrait

Les sirènes revenaient par intermittence cogner à la fenêtre. Elles surgissaient à l’aube sans signes avant-coureurs. Elles tournoyaient derrière la vitre, assourdissantes, les rideaux ne pouvaient rien contre elles, il aurait fallu des volets, ou murer la fenêtre.

Au début de mon séjour elles me réveillaient en sursaut, je me redressais dans mon lit, le torse moite. L’air humide s’infiltrait entre les draps. Je retenais ma respiration. Avec le temps, je n’ouvrais même plus les yeux. Couché sur le côté, une main sous l’oreiller, l’autre entre les cuisses, je me coulais contre le matelas, dans ma propre chaleur. Les sirènes étaient inoffensives, elles annonçaient simplement – avec des variations que je saisissais mal – qu’aujourd’hui encore, la mer entrerait dans la ville.

Je ne me rendormais pas, j’attendais qu’elles s’éloignent pour émerger. Je me frottais les paupières, comme un enfant, j’ouvrais les yeux. Dans la pénombre qui baignait la chambre, de grandes taches noires fleurissaient au plafond.

 

I

 

L’eau dessinait des motifs sur les vitres, qui se sont brouillés quand le train a redémarré après la dernière gare de la terre ferme. Les gouttes progressaient par à-coups, elles s’alourdissaient en fusionnant les unes avec les autres. J’ai rassemblé mes affaires, froissé mon gobelet de café, rangé le roman que j’avais feuilleté sans parvenir à le lire. Barres locatives, entrepôts, citernes et docks défilaient sous la pluie de janvier. Les flammes de ce qui ressemblait à une raffinerie de pétrole jaillissaient de deux très longues cheminées. Les gouttes se sont mises à filer à l’horizontale quand le train a accéléré en s’élançant sur ce pont dont on m’avait parlé.

C’est ici que débouchaient les fleuves du continent pour entrelacer leurs estuaires et former cette étendue parsemée d’îlots, sillonnée de courants et protégée de la mer par un cordon littoral. Je m’étais renseigné, je connaissais l’histoire. Comment des ormes, des mélèzes et des chênes abattus dans les montagnes avaient été acheminés jusqu’ici pour être taillés en pieux et enfoncés dans les bancs de boue et les talus herbeux. Comment cette forêt décapitée, lentement pétrifiée par la vase, avait servi de socle pour ce qui allait suivre. Il avait fallu corseter le terrain de quais en pierre, draguer les canaux, paver les places et élever les palais, partir en guerre et en rapporter des butins de bois précieux, de roches inusables, d’ivoire, de soies et d’épices, maçonner les façades de sable et d’ossements de chameaux, et puis poser des rails, tirer des câbles pour électrifier l’archipel, construire des parkings, des hôtels et des terminaux de ferry. Le sel avait tout de suite commencé son travail de sape, en une nuit le bas des murs s’était couvert de végétation aquatique.

Le pont traversait cet immense étang que la marée envahissait chaque jour, planté de joncs et de poteaux attachés trois par trois. À l’horizon, il devenait impossible de distinguer la lumière de l’eau, elles étaient ici un seul et même élément, gris et bleu, qui rongeait le contour des choses, adoucissait tout. La ville se trouvait au bout, pâle et compacte dans ce flou.