parution novembre 2018
ISBN 978-2-88927-614-1
nb de pages 224
format du livre 105 x 165 mm

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Maxime Pietri

Chroniques gourmandes

résumé

Ces Chroniques gourmandes, parues en 2011, suivent autant le rythme des saisons que la géographie de territoires gourmands. Elles permettent à chacun d’aborder ses fourneaux avec simplicité et allégresse tout en développant son vocabulaire culinaire. Elles sont composées comme de petites nouvelles, souvent décapantes, où les mots deviennent les formidables relais de la passion cuisinière.

Préface d'Hervé This, postface de Catherine Tymen

biographie

Maxime Pietri, d’origine corse, a passé son enfance et sa jeunesse à Paris et vit à Genève. Il a été chroniqueur culinaire au Temps, a tenu une émission gourmande à la Télévision suisse romande et a publié plusieurs livres dont le dernier, La Plume et le Fourneau, a reçu le Prix l’Art de vivre à Redon. Maxime Pietri s'est éteint en 2016.

ArcInfo

"Un recueil gourmand et désopilant, avec une préface de l’inventeur de la gastronomie moléculaire, Hervé This. On aurait tort de s’en priver." Laurence de Coulon

La Librairie francophone

"Noël est le vrai moment de l’année pour se laisser aller à la gourmandise et c’est aussi le moment de déguster ces chroniques aux titres savoureux du genre « La gloire des cornichons » ou « parlez-moi d’amour et de frites ». C’est absolument délicieux, ça donne envie de se mettre aux fourneaux, c’est génial."

Le coup de cœur de Dominique Bressoud dans La librairie francophone. Une émission à réécouter ici

Vigousse

"L’originalité de ce texte tient dans la manière avec laquelle Maxime Pietri installe une sorte de dialogue entre les mots et les mets, les uns servant la réplique aux autres et vice versa, tout cela pour le plus grand plaisir du lecteur attentif comme du marmiton le plus audacieux. Un exemple à propos du cardon, ici qualifié de « légume de haut rang gastronomique, proche parent de l’artichaut ». Et de préciser que « la variété épineuse, la meilleure, cultivée par les maraîchers genevois, a été distinguée par un label d’appellation contrôlée. Le problème ? Ce seigneur du potager est défendu par des épines, lesquelles ne font pas bon ménage avec la main du cuisinant. Voilà pourquoi les Lyonnais, fines gueules, ont privilégié une variété moins guerrière, mais aussi moins friande ». Qu’en termes élégants ces choses-là sont-elles dites !"  Roger Jaunin

Le Temps

"Voici un livre indispensable à tout passionné de cuisine qui sait que derrière cet amour se tient une façon d’appréhender la vie et le souhait de faire du quotidien une fête, malgré la lourdeur des jours. Maxime Pietri incarnait cette approche. A l’art d’apprêter les mets, il conjuguait la gourmandise des mots. Chacune de ses Chroniques gourmandes est aussi ciselée qu’une nouvelle. Sur la table et sur la page, il sait faire parler les silences. Une recette avec lui devient poésie en prose. Outre le fait de donner envie de faire la cuisine, voilà une lecture qui remet au centre la ronde des saisons, le goût du partage, l’humour sans lequel il vaut mieux poser les plats."  Lisbeth Koutchoumoff

Chroniques gourmandes (2011, domaine français)

Chroniques gourmandes

Maxime Pietri manie aussi bien le verbe que le fouet à pâtisserie avec une vivacité qui ramène à l’essentiel des bons produits. A son lecteur gourmand, il présente d’aimables volailles, de beaux légumes aux formes rebondies, de jolis fruits tout à fait permis ou bien encore des douceurs à damner un saint… Capricieuses étymologies, plaisantes histoires, singuliers personnages pimentent ces billets cuisiniers et s’y glissent avec fluidité comme dans une amicale conversation.

Ces chroniques suivent autant la géographie délicieuse de territoires gourmands que le rythme des quatre saisons et permettent à chacun d’aborder ses fourneaux avec simplicité et allégresse.

Recettes joyeuses pour débutants

Dix-sept recettes pleines d’astuces et autant de petites histoires culinaires pour dépasser allégrement le stade des spaghettis : aubergines en escabèches, navarin, fraises épicées, crêpes soufflées. Maxime Pietri est chroniqueur culinaire au Temps, il a tenu une émission gourmande à la Télévision suisse romande et a publié plusieurs ouvrages dont La Plume et le Fourneau, qui a reçu le prix du Marron de Redon en 2005.

Postface d’Alain Portner  

La Plume et le fourneau. Chroniques gourmandes

Ces chroniques sont gourmandes parce qu’elles racontent les recettes en les replaçant dans leur contexte culturel, dans leurs liens aux souvenirs fondateurs du goût, dans leurs racines au cœur des saisons qui passent et reviennent. Ici, le discours gourmand est une variante du discours amoureux.

Maxime Pietri, d’origine corse, a passé son enfance et sa jeunesse à Paris et vit à Genève. Il se dit chroniqueur culinaire pour préciser qu’il ne fait pas de critique gastronomique, où l’on évalue le savoir-faire cuisinier d’un chef. Il cuisine tous les jours, écrit chaque semaine dans Le Temps, à Genève, et a présenté pendant deux ans une émission de cuisine à la Télévision suisse romande.

A table. Chroniques cuisinières (1996, domaine français)

A table. Chroniques cuisinières

Chroniques gourmandes: extrait

Menus de Saison

Hiver

 

Un bonhomme de neige avec une pipe en bois.[1]

 

Cardons braisés

Salade frisée

Pintade aux mandarines

Crêpe aux coings

 

Le cardon est un légume de haut rang gastronomique, proche parent de l’artichaut. La variété épineuse, la meilleure, cultivée par les maraîchers genevois, a été distinguée par un label d’appellation contrôlée. Le problème ? Ce seigneur du potager est défendu par des épines, lesquelles ne font pas bon ménage avec la main du cuisinant. Voilà pourquoi les Lyonnais, fines gueules, ont privilégié une variété moins guerrière, mais aussi moins friande. Une fois pelées et coupées en tronçons d’environ 5 cm, les côtes subissent une première cuisson dans un blanc, c’est-à-dire une eau salée où l’on a battu de la farine et que l’on aura enrichie d’huile ou de beurre. La seconde cuisson se fait dans une cocotte où brille de l’huile de noix. Nos tronçons, à peine grillés, encore al dente et piqués au bout d’un cure-dents, trouveront preneur à l’apéro.

La salade frisée est une salade pimpante et croquante. Il est coutumier de la servir dans une vinaigrette bien vinaigrée, avec des croûtons et des lardons. Il y a aussi des œufs, lesquels, selon les chapelles gourmandes, sont soit mollets, soit pochés. Apicius reconnaîtra les siens.

La pintade est l’une des filles aînées des volailles dont la charge calorique est tranquille. Dans les élevages bressans de prestige, elles sont élevées en liberté et font donc partie du menu des oiseaux de proie et du goupil. Cette demoiselle nous vient d’Afrique et se marie volontiers avec les fruits. Aujourd’hui, nous allons la fiancer avec la meilleure des mandarines de l’hexagone tricolore, produite dans l’île de toutes les beautés. Faisons dorer un peu, à l’huile neutre et à feu tranquille, toutes les faces de notre victime, laquelle a été bourrée de quartiers de mandarine. Maintenant, entourons-la de mandarines entières et non pelées, couvrons et baissons le feu. Servons enfin avec quelques carottes glacées, hiver oblige : non pelées mais coupées en gros tronçons, ces racines auront cuit, tranquillement, dans un sirop de sucre, avec un peu de sel, et assez de beurre pour les rendre brillantes.

Le coing, pomme ou poire, est un fruit défensif. Pour le couper, il faut des muscles de culturiste et une lame intrépide. Bref, couper ce monstre, verticalement, en 6 quartiers. Peler et épépiner ? Non. Les pocher dans un sirop épais jusqu’à ce qu’ils veuillent bien s’attendrir. Égoutter. Faire dorer dans une poêle antiadhésive beurrée, puis couvrir d’une pâte à crêpe faite, selon les humeurs du cuisinant, avec de la farine de meule de la Beauce, de la farine de sarrasin breton, ou de la farine de châtaigne corse.

 

POULET RÔTI, GLORIA IN EXCELSIS FOURNEAU

 

Dans une chanson de Trenet, au moment de s’absenter, la mère supérieure du couvent des Clémentines recommande le poisson bouilli à ses filles. Dès qu’elle a tourné les talons, ces sœurs gourmandes se convertissent au poulet rôti. Le péché de gourmandise serait-il un fils dénaturé de la fine gueule ? Or, si la Providence a muni l’humain de papilles gustatives, c’est bien pour en faire usage ! Du plaisir ou du péché, that is the question. En attendant la réponse des théologiens, passons en cuisine.

Le poulet rôti est au sommet de sa gloire quand il est ceint de cresson et de frites dorées. Le cresson est dispensé de vinaigrette puisque le jus de cuisson suffit à tempérer le croquant de sa pimpante fraîcheur. Quant aux pommes Pont-Neuf, comme c’est pour danser que nous sommes au bal, faisons-les au beurre clarifié, que l’on trouve sous les noms de beurre de cuisson ou beurre de rôtissage.

Au cœur de la recette, le poulet. Celui-là, pour mériter ce mode de cuisson, doit être au moins digne de l’appellation fermier, trois mois d’élevage aux céréales et assez d’espace pour se dégourdir les jambes. Regrettons que certains nostalgiques de l’élevage en batterie préfèrent les volailles molles et inconsistantes en bouche (ce qui peut se comprendre quand la denture est déficiente, mais alors préférer la cuisson au pot). Choisissons une bête d’environ 1,8 kg, musclée, dont les blancs resteront fondants tandis que la chair des cuisses, même bien cuite, gardera une teinte rosée. Deux chapelles au choix, le four ou la broche.

La cuisson au four est une voie légèrement humide conduite en enceinte close avec un peu d’eau dans le plat graissé à l’huile d’olive ou de noix. Entourer les blancs d’une barde pour les garder moelleux. Chacun bourrera l’intérieur de la bête à son idée (quartiers de citrons, ail nouveau, estragon frais) sachant que certains ajoutent des petits suisses. Enfournage à four froid, réglé à 150°, temps de cuisson environ 1h, en arrosant.

La cuisson à la broche est une voie sèche qui opère par l’effet du rayonnement infrarouge, porte de la rôtissoire entrouverte. La volaille sera garnie comme pour le four, mais sera ointe au pinceau. Chaleur moyenne, départ à froid.

La cuisson est à point quand le jus qui sort du gras de la cuisse, lorsqu’on la pique, est incolore. Reste à laisser reposer la volaille avant découpage, le temps de déglacer le plat ou la lèchefrite.

 

[1] Les phrases en italiques qui ouvrent les quatre menus de saison sont tirées de Trenet (printemps, été) et de Prévert (automne, hiver).